Partage - La ville de Mouzaïa est-elle en passe de devenir un fief de la maffia du foncier ? C'est du moins ce qui ressort d'une enquête effectuée au niveau de cette commune aux 53 domaines agricoles. Notre virée à travers la commune de Mouzaïa coïncide avec la visite d'inspection du wali de Blida. Elle fait également suite à un week-end mouvementé. En l'espace de deux jours, la ville de ce chef lieu de daïra s'est retrouvée sous un véritable état de siège. Et pour cause, des citoyens, qui ont dilapidé plusieurs espaces de terrains appartenant à l'Etat, ont mis le feu à la ville. Barricades, pneus brûlés et autres arsenal sont utilisés pour parer à l'intervention des services de l'ordre qui sont restés calmes, ne répondant pas aux émeutiers. Si au niveau de la cité Ben Aïchouba Kaddour un terrain de sport a fait l'objet d'une dilapidation pour la construction de taudis, ailleurs c'est la même chose. Nous traversons ce quartier la peur au ventre sans aucune escorte. «Il faut faire attention. Les gens d'ici sont virulents et ils n'acceptent aucune ingérence dans leurs affaires. Même les autorités ne peuvent rien faire contre la virulence de ces citoyens qui ont souvent manifesté leur colère par des actions de force», nous dit notre guide. Dès que notre voiture immatriculée à Alger marque une halte à proximité de cet espace de jeu transformé en un immense bidonville, nous sommes traqués par des badauds à la solde des adultes. «Après les services de l'ordre que nous avons affrontés pour faire valoir nos droits à un logis, nous ne voulons pas de la presse ici», nous dit un citoyen qui voulait en découdre avec notre équipe. Selon un quinquagénaire que nous avons réussi à convaincre d'exposer les raisons de «l'envahissement» d'un espace censé être la propriété de la jeunesse pour la pratique sportive, «il n'y a pas de maffia du foncier à Mouzaïa. Il y a uniquement une maffia des logements. Cette maffia qui se fait attribuer des logements à chaque fois que notre commune bénéficie d'un quota ne semble pas s'être rassasiée. L'Algérie appartient à tous les Algériens à ce que je sache. Nous avons droit, au même titre que tous les citoyens, de prendre une part du gâteau», dit-il en maniant sa canne cernée d'un fil de fer. A l'intérieur de cet espace, des matériaux de construction sont exposés. Tôles, parpaings, ciment et madriers font partie de cet arsenal qui multiplie le nombre de taudis au niveau national. Des maçons sont là pour la réalisation de ces constructions de fortune. Certains taudis sont déjà occupés par leurs nouveaux locataires. Des électriciens s'affairent aussi à alimenter ces nouvelles demeures en énergie électrique. «A partir de demain (ndlr : lundi dernier), nous allons mettre en place des conduites pour l'alimentation en eau potable», nous dit un citoyen qui a remarqué notre curiosité devant un électricien.