Réaction - De nombreux hauts responsables européens ont dénoncé l'attitude du président français quant à cette question stratégique. Le président-candidat Nicolas Sarkozy s'est attiré hier mardi les foudres de ses «alliés» européens suite à sa dernière sortie dans le cadre de la pré-campagne électorale lors de laquelle il avait menacé de sortir la France de l'espace Schengen. Pour le chef de la diplomatie allemande Guido Westerwelle, renforcer les frontières intérieures ne rendra pas l'Europe plus sûre et les pays de l'UE n'iront pas dans la bonne direction en se repliant sur eux-mêmes. «Se replier chacun dans sa coquille nationale, voilà qui ne va pas dans la bonne direction», a dit l'ex-dirigeant des Libéraux du FDP, petit partenaire de coalition de la CDU (Union chrétienne-démocrate) de la chancelière Angela Merkel. Selon le responsable allemand, ce n'est pas protéger les frontières au sein de l'Union européenne qui rendra l'Europe plus sûre, mais plutôt la protection de ses frontières extérieures. Les chefs des principaux groupes politiques au Parlement européen avaient fustigé, de leur côté, la menace du président français de sortir son pays de l'espace Schengen, le chef de file des libéraux européens, Guy Verhofstadt, dénonçant même un langage pour «flatter» l'extrême droite. «Qui est le candidat de l'extrême droite en France, Le Pen ou Sarkozy», a lancé l'ancien Premier ministre belge au cours d'un débat sur les résultats du dernier sommet européen. Guy Verhofstadt a rappelé que les propos du chef de l'Etat français étaient ceux d'un candidat à l'élection présidentielle. «C'est du jamais vu, un président en exercice qui utilise ce langage», a-t-il lancé. L'Autrichien Hannes Swoboda, chef du groupe Socialiste et Démocrate a pour sa part brandi son passeport et a ironisé sur la nécessité pour les élus européens de devoir à nouveau passer des contrôles douaniers pour se rendre à Strasbourg, siège du Parlement. Lundi, la commissaire européenne chargée des questions d'immigration, Cecilia Malmstrom, avait prévenu qu'une réforme fondamentale de la zone Schengen telle que réclamée par le président français devrait passer par une réforme du traité de l'UE, par «nature compliquée», selon elle. La convention «Schengen fait partie du traité» de l'Union européenne et «donc une modification demandera un changement de ce traité», a-t-elle précisé. Lors d'un meeting électoral à Villepinte, le candidat de l'UMP à la présidentielle avait plaidé dimanche pour une révision des accords de Schengen, qui régissent la libre circulation des personnes en Europe, afin de maîtriser les «entrées» sur le territoire européen et d'imposer une «discipline commune dans les contrôles aux frontières». Pour justifier sa volonté de réformer Schengen, il a évoqué le lendemain «la frontière entre la Grèce et la Turquie», qui, selon lui, «n'est pas défendue», «n'est pas contrôlée, n'est pas tenue».