Le Conseil européen de Bruxelles vient de décider un nouveau tour de vis sécuritaire de l'espace Schengen. Les chefs d'Etat européens se sont donc rangés sur la politique de Sarkozy et Berlusconi, lesquels, prenant prétexte de l'arrivée de réfugiés tunisiens et libyens en Italie, avaient ordonné le rétablissement des frontières italo-françaises, décidant de mettre un terme à la liberté de circulation dans l'ensemble de l'espace européen. Les présidents français et italien n'ont pas pris de gants d'autant que tous deux chassent sur le terrain nauséabond de l'extrême droite. Le premier n'a plus de leçon à recevoir de la part du lepénisme tandis que dans le pays du second, des milices veillent à l'italianité ! Tout ça sans que cela froisse ni n'émeuve le Parlement européen. Paris, dont la dérive droitière et boulimique n'a pas de fin, viole dorénavant ses propres règles de l'immigration. Avec le super flic Guéant, la chasse aux têtes noires et brunes, et c'est le mot, est ouverte. Ainsi avec la Tunisie, La France ne respecte même plus les accords d'immigration choisie de 2008 prévoyant 9 000 visas par an aux demandeurs tunisiens. Pour le ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy, “les Français de souche ne se sentent plus chez eux” et leur pain est mangé par les originaires du sud de la Méditerranée. Une couche de racisme qui a fait chaud au cœur à Marine Le Pen qui lui a offert la golden-carte de son Front national. Les populations du Sud, notamment les riverains de la Méditerranée, se le tiennent pour dit, eux qui s'émancipent des dictatures et s'engagent pour plus de démocratie et de justice. Ils constatent que l'Europe va encore rater son rendez-vous avec l'histoire, car outre le durcissement de leurs frontières, les voisins du Nord ne donnent pas également l'impression de vouloir s'engager activement dans la coopération avec le Sud, à commencer par la Tunisie et l'Egypte en phase de transition politique et de reconstruction de leur pays. Sarkozy a oublié ses beaux discours sur l'enjeu euro-méditerranéen. Bonjour le serrage de vis. Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-sept ont invité la Commission à mettre sur la table, en septembre, une proposition visant à permettre une évaluation conjointe et des rapports réguliers sur la façon dont chaque Etat s'acquitte de ses obligations de contrôle des frontières externes. Ce travail serait assorti de visites d'inspection et d'un soutien logistique, technique, financier et en termes de coordination dans le cadre de Frontex, l'agence chargée de la gestion des frontières de l'UE. Ce jargon technique autorise la réintroduction des contrôles aux frontières internes dans l'ensemble européen, alors que le traité de Schengen a aboli les contrôles aux frontières pour les personnes dans 22 pays sur 27 au sein de l'UE, la Grande-Bretagne, l'Irlande et Chypre n'y participent pas, alors que la Roumanie et la Bulgarie espèrent le rejoindre prochainement. Nicolas Sarkozy s'est félicité de la décision prise vendredi à Bruxelles. “J'ai été très heureux qu'on puisse franchir ce pas parce que je suis attaché à Schengen et j'ai fait valoir que si Schengen ne se réformait pas, c'est là où il y avait un risque que Schengen disparaisse”, a dit le président français à l'issue du sommet européen. La loi liberticide devra être agréée avec le Parlement européen où, sauvant l'honneur des Européens, des eurodéputés ont déjà exprimé leur refus ou leurs réserves vis-à-vis d'un retour même provisoire du contrôle des frontières. Mais ils ne sont pas majoritaires, la peste brune, raciste, xénophobe et islamophobe ayant conquis de très larges pans en Europe. L'Europe de l'extrême droite est en marche et ce n'est pas la crise de l'euro qui la dissuadera. Le Danemark a rétabli des contrôles aux frontières avec l'Allemagne pour se protéger de la criminalité venue…d'Europe de l'Est, membres de l'UE !