De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Le sommet tenu hier mardi � Rome r�unissant Sarkozy et Berlusconi a permis aux chefs d�Etat fran�ais et italien d�afficher bonne figure et de se mettre d�accord pour en appeler � l�Union europ�enne de r�examiner les accords de Schengen afin de juguler ce qu�ils appellent l�arriv�e �massive� de migrants tunisiens sur leurs territoires. Il est vrai qu�apr�s avoir �voqu� sa d�cision de suspendre les accords de Schengen, Sarkozy a d�, face au toll� provoqu� par cette perspective, revoir sa copie dimanche, � deux jours du sommet. Le pr�sident fran�ais et le chef du gouvernement italien ont d�cid� d�adresser une lettre commune aux pr�sidents de la Commission europ�enne et du Conseil europ�en pour leur demander une r�vision des accords de Schengen, notamment sur la clause de sauvegarde en r�tablissant � titre individuel (par Etat) et provisoirement des contr�les frontaliers si �un pays est d�faillant � garder les fronti�res des autres�. Dans cette lettre et selon les d�clarations de Sarkozy � l�issue de la rencontre d�hier, le couple Sarkozy- Berlusconi demandera une �valuation commune de la situation et interrogera Manuel Barroso sur �qui g�re Schengen ? Les ministres de l�Int�rieur qui jusque-l� ne le font pas ou une �quipe d�di�e ?� En fait, les deux appellent l�UE � plus de moyens �pour que les fronti�res de l�espace Schengen soient garanties et demandent un renforcement de l�Agence europ�enne pour la gestion de la coop�ration aux fronti�res ext�rieures, Frontex�. Cette lettre vient � point nomm� dans la mesure o� elle intervient avant une r�union extraordinaire, pr�vue le 12 mai prochain � Bruxelles des ministres de l�Int�rieur de l�UE qui devront trouver une solution commune en mati�re d�immigration. Cette derni�re sera �galement au centre du Conseil europ�en du mois de juin prochain. Jusqu�� dimanche, la tension entre les deux pays �tait au plus fort. L�Italie, qui avait vu accoster sur son territoire, � Lampedusa, des migrants venant essentiellement de Tunisie, a d�livr� � ces arrivants des permis de s�jour de six mois leur permettant de circuler librement sur tout le territoire Schengen. La majorit� des ces migrants voulaient se rendre en France. Il n�en fallait pas plus � la France pour avertir qu�elle renverrait vers l�Italie les migrants ne r�pondant pas � certaines conditions de ressources. Ce qu�elle fit d�ailleurs. Mais plus encore, l�Elys�e annon�ait vendredi son intention de suspendre provisoirement Schengen, ce qui n�est pas pr�vu par ce trait� qui ne dispose que du r�tablissement, pour six mois renouvelables, d�un contr�le aux fronti�res dans le cas de risque pour la s�curit� publique ou pour terrorisme. Face au toll� provoqu� par cette vell�it� et devant le fait qu�elle avait outrepass� la possibilit� offerte par les textes, la France a d� r�trop�daler et adopter une ambition plus mesur�e en d�clarant dimanche : �La France ne voulait pas suspendre Schengen. Il s�agit de revoir les clauses de sauvegarde permettant, dans des conditions particuli�res, de r�tablir les contr�les aux fronti�res.� S�il y a un point sur lequel tous les analystes et statisticiens sont d�accord, c�est bien l�exag�ration de l�emploi du mot massif lorsque l�on �voque les migrants tunisiens et autres maghr�bins qui souhaitent rejoindre l�Europe depuis le mois de janvier dernier et les r�volutions arabes. Cette �masse�, r�v�lent-ils, est constitu�e de 28 000 � 30 000 personnes qui ont rejoint l��le italienne de Lampedusa et qui tentent de rallier d�autres pays et notamment la France. Beaucoup de bruit et d�agitation pour peu de personnes comparativement aux 450 0000 personnes qui immigrent chaque ann�e en Europe. Aussi, dans les deux pays, les deux dirigeants, en baisse de popularit� dans leur pays respectif, profitent de cette situation pour surfer sur leurs extr�mes. Berlusconi donne ainsi un gage � son alli� de l�extr�me droite � la Ligue du Nord � et Sarkozy a tent�, sans r�ussir tout � fait mais tout de m�me quelque peu, de rejoindre le FN qui a toujours demand� la sortie de la France du trait� de Schengen esp�rant ainsi en tirer profit pour 2012.