Réalité - Trouver une occupation durable et rentable n'est pas donné à tous les retraités qui en ont besoin, mais les concernés ont trouvé d'autres solutions. Si dans les grandes villes du pays, cette catégorie de la population peut aisément se débrouiller, même en vendant des cigarettes, cacahuètes ou autres, la situation est totalement différente dans les petits villages. Les retraités peinent à joindre les deux bouts et ils n'ont pas plusieurs «options» pour arrondir leurs fins de mois. Et c'est là qu'apparaît la valeur de la terre et son apport pour ceux qui la cultivent. Dans les villages de Kabylie, par exemple, des arbres comme les figuiers et oliviers ont un apport indéniable dans l'amélioration du pouvoir d'achat des retraités dont les pensions ne peuvent suffire à pallier aux besoins les plus élémentaires. Il est vrai que ces derniers sont incapables de prendre soin des arbres et récolter les fruits, mais ils arrivent quand même à en tirer profit. Pour le nettoyage des arbres de toutes les herbes sauvages, ils font appel à des jeunes du village et cela ne leur coûte pas cher et parfois des villageois font le travail à titre de solidarité. Quant à la récolte, ils font travailler d'autres villageois qui s'occupent de l'opération en contrepartie de la moitié de la récolte. «A mon âge, je suis incapable de cueillir les figues sèches ou les olives. Il y a une femme veuve dans mon village qui s'occupe de cette mission en compagnie de ses enfants. J'ai préféré cette femme car je considère que c'est une manière de l'aider financièrement et en même temps je gagne un peu d'argent», témoigne Dda Amar, habitant dans la localité d'Aitr Yahia Moussa (Tizi Ouzou). Cette année, la récolte des figues était bonne, mais pour l'olive c'est la disette, déplore-t-il, ajoutant qu'il a gagné près de 50 000 dinars de la vente des figues. «C'est une somme que je vais mettre à côté afin de faire face à d'éventuels imprévus. Je préfère vivre selon mes moyens que de rester sans argent à la maison», insiste notre interlocuteur. D'ailleurs, les retraités donnent une importance capitale à la terre et tiennent à la travailler, même s'ils ne gagnent pas d'importantes sommes d'argent.» Il est vrai que la vente des figues et de l'huile n'est pas très rentable, mais c'est avant tout une question de principe. La terre est sacrée chez nous et celui qui l'abandonne est maudit «, intervient un autre retraité de la même localité. Agé de près de 80 ans, ce dernier affirme cueillir lui-même les figues. » Durant toute la saison de la cueillette, je fais des va et viens de ma maison vers mes plantations. Je peux porter jusqu'à dix kilos et je fais ça trois ou quatre fois parjours. Pourquoi devrais-je confier cette tâche à quelqu'un d'autre, alors que je suis apte à l'assumer ? », ajoute-t-il, se félicitant de la bonne récolte qu'il a effectuée cette année. «J'ai vendu pour plus de sept millions de centimes», s'est-il félicité. D'autres retraités cultivent même certains légumes comme l'oignon, l'ail et les salades qu'ils vendent en gros. Il est vrai qu'ils auraient souhaité passer leur retraite sans trop de soucis, mais heureusement qu'il y a la terre des ancêtres qui leur épargne de tendre la main. Quant aux efforts et à la souffrance, ils y sont habitués…