Histoire - Les clauses pétrolières contenues dans les Accords d'Evian relevaient beaucoup plus «d'un compromis révolutionnaire» et elles n'ont jamais constitué une concession, comme l'affirmaient certains observateurs. C'est ce qu'a indiqué, hier, le représentant du FLN au sein de l'Exécutif provisoire, chargé des Affaires économiques, Belaïd Abdesselam. Dans un entretien accordé à l'APS à la veille du 50e anniversaire des Accords d'Evian, M. Abdesselam a reconnu que les dispositions arrêtées dans ces accords concernant la gestion et l'exploitation des hydrocarbures «avaient été dans leur ensemble rédigées selon les vœux exprimés par la partie française dans les négociations». Il révèle qu'en contrepartie de la reconnaissance de l'intégralité territoriale de l'Algérie, y compris le Sahara, les Français avaient posé comme condition l'acceptation par l'Algérie de reconduire toutes les mesures et dispositions par lesquelles ils avaient institutionnalisé le statut de leurs sociétés pétrolières dans le sud du pays. C'est ainsi que le code pétrolier saharien, avalisé dans les Accords d'Evian et qui a été appliqué jusqu'à la nationalisation du 24 février 1971, avait privé l'Algérie de toute action effective sur ses richesses, a soutenu le ministre de l'Energie de l'Algérie indépendante. Encore faut-il le rappeler, enchaîne M. Abdesselam, que le capital de la société SN Repal, constitué par un apport égal entre le gouvernement général de l'Algérie et le bureau de recherche du pétrole en France et dans lequel l'Algérie devait avoir le contrôle, avait été modifié, en ramenant la part de l'Algérie à 40%. La modification de la répartition du capital de la SN Repal opérée en vertu de ce dispositif, a empêché l'Algérie de détenir, au moment de son indépendance, une position déterminante pour les prises de décision au sein de la direction de cette société qui a, par le passé, participé à la découverte du grand gisement de Hassi Messaoud. M. Abdesselam souligne également «que les responsables pétroliers français avaient anticipé l'avenir, non seulement en mettant en place un dispositif juridique et administratif destiné à vider le concept de souveraineté reconnu à l'Algérie de toute sa portée concrète, mais ont poussé la volonté de prépondérance colonialiste jusqu'à refuser à l'Algérie toute aspiration à sortir de la condition du (sleeping partner) ou le partenaire dormant». Les négociateurs algériens, s'est interrogé M. Abdeslam, pouvaient-ils éviter cette situation ? Pour lui, ceux qui critiquent ce choix sont des personnes «qui tentent de refaire l'histoire à la lumière de leurs préjugés, de leurs fantasmes ou de leurs préventions politiques». Il explique, à ce propos, que pour les responsables algériens qui avaient eu à conduire les négociations d'Evian, le problème majeur auquel il fallait trouver la solution était la guerre d'Algérie. «Dans toute guerre déclenchée et conduite de manière responsable, il y a ce qu'on appelle les objectifs de guerre qui définissent la raison d'être qui a servi de justification au déclenchement de cette guerre», a-t-il dit. Donc, dès que les Français avaient manifesté leur intérêt à reconnaître l'Etat algérien souverain, en acceptant de mettre fin à la fiction de «l'Algérie française», les objectifs de la guerre d'Algérie avaient été atteints, indique-t-il.