Résumé de la 1re partie - A sept ans, Isabelle a vu son père biologique et cela ne lui a causé aucune impression… Hélène passe les bras autour du cou de sa fille. — Nous n'avons rien montré devant toi, parce-que tu es petite. Mais il y a longtemps que cela ne va plus entre nous. Nous en avons parlé et nous sommes d'accord ; c'est la meilleure solution... Isabelle est abasourdie, anéantie. — Et moi, avec qui je vais habiter ? Avec toi ou avec papa ? — Avec moi, bien sûr. Nous allons rester ici, papa va aller habiter dans son restaurant... Un peu plus tard, Isabelle a la même conversation avec son père. Il lui tient le même discours que sa mère, mais elle sent tout de suite que son ton n'est pas le même. Autant Hélène lui avait parue déterminée et sûre d'elle, autant Germain lui semble mal à l'aise. Que s'est-il passé entre eux, pendant qu'elle croyait leur bonheur sans nuages ? L'adolescente apprend soudain l'existence d'un monde qu'elle ignorait ; un monde d'adultes qu'on lui a caché pour la protéger. Mais était-ce une bonne chose ? Si elle avait su, elle aurait pu se préparer, tandis qu'ainsi, c'est si brutal !... Elle lance à son père un regard douloureux. — Maman a dit que j'allais rester ici avec elle. Alors, je ne pourrai plus te voir ? — Mais si ! Il y a un petit appartement au-dessus du restaurant. Tu viendras tous les mercredis et je te ferai des gâteaux... — Papa, tu es vraiment d'accord pour quitter maman ? Germain pousse un soupir. — Elle a dû te le dire... Nous en avons discuté et nous avons pris la décision ensemble. — Alors, tu es heureux comme cela ? Germain ne répond pas... Non, son beau-père, son père, puisque c'est ce qu'il est réellement pour elle, n'est pas heureux : Isabelle peut s'en rendre compte les semaines et les mois qui suivent, lors de ses visites du mercredi au restaurant. II est sombre, nerveux, préoccupé. Il s'intéresse beaucoup moins à elle qu'avant. Il lui a cuisiné des gâteaux les premières fois et puis, il a cessé... Désormais, il ne fait que lui poser des questions sur sa mère. — Comment est-elle ? Est-ce qu'elle te parle de moi ? Isabelle répond toujours par l'affirmative : — Oui. Elle n'arrête pas. Elle est triste. Avant que je vienne ici, elle m'a dit : «Tu embrasseras bien papa pour moi.» Mais Isabelle ment... Jamais sa mère ne prononce le nom de Germain, sauf pour des questions matérielles. Et elle n'est pas triste du tout, bien au contraire. Depuis la séparation, elle s'est épanouie. D'ailleurs, elle ne dit rien, mais elle doit avoir quelqu'un dans sa vie : très souvent, elle rentre tard le soir et, plusieurs fois, elle n'est pas rentrée du tout. 1993 : Isabelle a treize ans. Sa vie a basculé depuis la séparation de ses parents. Sa mère s'éloigne d'elle chaque jour davantage. Elle est distraite, elle pense à autre chose, sans aucun doute à cet homme avec lequel elle est en train de refaire son existence et qu'elle amènera tôt ou tard à la maison, quand ils auront décidé de régulariser leur situation. Son père aussi s'éloigne d'elle, mais pas de la même manière. Lui, il ne va pas rejoindre quelqu'un par la pensée. Il se désintéresse d'elle comme il se désintéresse de tout, même de son restaurant qui, elle s'en rend bien compte, ne marche pas bien, et même – elle s'en est fait la réflexion avec angoisse –, même de la vie !... Germain est bizarre, absent. (A suivre...)