Comment admettre que dans un immense pays, jadis appelé le grenier de l'Europe, on en arrive à importer au prix fort les céréales ? Que sont devenues ces terres fertiles qui donnaient tant de récoltes avec des camionnettes surchargées qui venaient brader la pomme de terre à un prix dérisoire ? Comment expliquer ce paradoxe qui fait qu'un pays producteur de superbes oranges en arrive à les mettre sur les étals plus chères que les bananes ? Pis, on a, depuis quelques années, commencé à en importer du Maroc et qu'on étale, toute honte bue, comme un non-sens à la vue du consommateur local. Et le reste ? Ces fruits exotiques dont le prix avoisine deux journées pleines du salaire d'un smicard ? C'est parce que le prix du baril de pétrole a allègrement dépassé les 80 dollars que l'on peut se permettre d'acheter des kiwis et autres gâteries qui constituent un spectacle inaccessible pour l'écrasante majorité. Voilà pourquoi il s'agit d'avoir une démarche pragmatique, à savoir – suprême illusion – cesser les importations de tous ces produits secondaires et tellement accessoires afin de consacrer toute cette masse d'argent – des milliards de dinars – à l'investissement productif : pourquoi continuer à importer de la poudre de lait au lieu de ramener des vaches laitières et développer parallèlement une véritable industrie de l'aliment du bétail ? Idem pour la pomme de terre : entreprendre une politique agraire audacieuse en consentant à un investissement lourd dans le travail de la terre avec l'immense avantage de générer des dizaines de milliers d'emplois ? Manquons-nous à ce point de steppes et de terres de pâturage pour annoncer triomphalement l'arrivage de milliers de tonnes de viande bovine ? Une politique efficiente, disons-nous, comme par exemple celle du médicament qui s'est révélé un véritable trou dans la trésorerie publique avec des chiffres faramineux qui n'ont fait, jusqu'à maintenant, qu'enrichir quelques magnats de l'import ainsi qu'ils ont grossi le capital des grands laboratoires étrangers. C'est toute la problématique de la santé publique que l'on se doit d'élaborer comme une action à long terme en considérant qu'une population qui mange bien, qui est bien servie en réseaux d'assainissement, en eau potable, qui fait du sport… c'est une population saine, c'est-à-dire peu encline à consommer des médicaments. C'est comme pour le football : au lieu des entraîneurs et des joueurs qui coûtent très cher, pourquoi ne pas entreprendre une véritable politique de formation ? Comme l'a suggéré un technicien national : on arrête toute compétition et on forme une véritable équipe nationale sur le long terme. Décidément, même en football, on importe et il n'existe aucune différence entre les rois de la patate, ceux du médicament et ceux du foot. Tout s'achète ! Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.