Les examens de fin d'année, c'est-à-dire les examens du BEM et du baccalauréat, selon les officiels, se préparent dans de bonnes conditions et vont être encore une fois une «totale» réussite. C'est déjà une bonne nouvelle qui va réjouir nos lycéens. Que ce soit au ministère de l'Education ou de celui de l'enseignement supérieur, l'on jubile déjà et l'on s'obstine à jauger le succès d'un secteur à l'aune du nombre de lycéens qui vont subir avec «succès» ces examens de fin d'année, pour ne pas dire ces lycéens qui vont bénéficier de la faveur des quotas de réussite préconisés à l'avance pour chaque région et pour chaque filière. Mais alors, suffit-il de faire dans la politique de l'autosatisfaction préfabriquée, de doter les établissements scolaires de micro-ordinateurs par exemple, sans oublier que certains instituts bénéficient de la connexion Internet pour prétendre relever les défis de ce siècle où les têtes bien faites valent autant que les têtes bien pleines ? C'est qu'il y a des têtes à remplir puisque nous savons tous que des classes sont surchargées, comptant jusqu'à 48 élèves dans le cycle moyen. Ce «remplissage» à connotation fortement démagogique est un prélude à une décantation qui ne pourra se faire que par l'argent : les familles aisées donnent plein de cours particuliers à leurs enfants et nous nous acheminons inéluctablement vers une sélection qui ne profitera qu'aux plus nantis. Il reste le contenu des programmes et, de réforme en réforme, il y a lieu de constater que le niveau est bien en deçà de la moyenne malgré les chiffres éloquents du taux de réussite au baccalauréat préconisé à l'avance. Les lauréats, justement, iront gonfler les effectifs au grand bonheur du ministre de tutelle qui annonce les deux millions d'étudiants pour l'an 2014. Ainsi la qualité d'une université se mesurerait au nombre de ses étudiants ? Et ce LMD vivement critiqué par des spécialistes ? Pourquoi avoir réformé une réforme qui a pourtant donné des résultats ? Qui se souvient du RES, la réforme de l'enseignement supérieur initiée dans les années 70 par feu Mohamed Seddik Benyahia ? Un système semestriel fait de contrôles continus où l'étudiant pouvait à loisir se rattraper quand il avait échoué dans un module. Sans parler de la qualité des cursus dispensés sous forme de cours magistraux et de travaux dirigés. C'était l'époque où l'on n'évoquait même pas ce fameux tutorat initié par le ministère : l'étudiant était tellement bien suivi que chaque enseignant constituait de facto un tuteur. Le problème de la documentation ne se posait pas ou si peu puisque les bibliothèques étaient garnies de ces manuels vulgarisant toutes les disciplines, contrairement à aujourd'hui où les étudiants formés – et c'est beaucoup dire – en arabe, se retrouvent en train de chercher désespérément le livre qu'ils saisiront le mieux parce que les plus grands auteurs, toutes matières confondues, sont si peu ou pas traduits. Mais alors où est la solution ? Peut-être faudra-t-il songer à ouvrir de nouvelles filières et si l'idée peut paraître complètement folle, elle permettra au moins de désengorger ces départements prisés telles les filières médicales : pourquoi ne pas inventer une licence – et même un LMD – arts graphiques, musique, théâtre, design, cinéma, bande dessinée… ? Fou le projet ? Il permettra l'épanouissement de vocations cachées et question documentation, pas besoin de trop se triturer les méninges. Même avec des livres bourrés de fautes. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.