L'éducation nationale demeure un des plus importants socles de la société. Et il est indéniable que les pouvoirs publics ont consenti énormément d'efforts pour assurer la scolarité à tous les enfants sans distinction. Les chiffres sont faramineux et c'est en termes de millions que l'on comptabilise nos élèves tous paliers confondus. Aussi, le constat établi par le premier responsable du secteur est-il un tantinet dithyrambique lorsqu'il dresse l'état des lieux ? En effet, il y a de quoi s'enorgueillir de tous ces millions d'élèves, de ces taux de réussite à tous les examens largement au-dessus de la moyenne, du nombre exorbitant de manuels scolaires mis à la disposition de tous les apprenants, ou encore du recrutement massif d'enseignants. Aussi, au-delà des chiffres qui traduisent l'évidente percée de l'enseignement, ne convient-il pas de s'interroger objectivement sur le rapport fondamental qui relève indéniablement de l'aspect qualitatif ? Nul besoin d'être expert pédagogue pour se rendre compte que le niveau a énormément régressé au sein de notre école. A tel point que chaque année scolaire apporte sont lot de réformes sans que cela se ressente réellement sur le niveau de l'élève que tous les spécialistes s'accordent à décréter qu'il est incapable de rédiger correctement une rédaction quelle qu'en soit la langue. Et c'est là le point nodal de l'enseignement : la langue qui a été instituée beaucoup plus pour déloger une autre langue – celle du colonisateur – que comme un outil pédagogique susceptible d'ouvrir les portes de la connaissance à l'apprenant. «Ce butin de guerre», comme le qualifiait Kateb Yacine, fut chassé manu militari des programmes et la part qui lui incombe est tellement infime que l'élève n'en connaît que des brides. Et c'est ainsi que l'arabisation décrétée pour «recouvrer la personnalité et l'identité», a, en vérité, servi de cheval de Troie aux préposés de l'idéologie pour apprendre aux enfants les risques morbides de la géhenne auxquels sont voués tous les mécréants ainsi que tous les rituels empreints de religiosité. L'ex-chef du gouvernement n'a-t-il pas fait clairement allusion dans une intervention à la télévision algérienne à cet enseignement religieux qui s'est généralisé en déclarant qu'il y avait «assez de mosquées» dans le pays pour cela ? Tout comme cette levée quotidienne des couleurs, est-elle garante de l'esprit «nationaliste» dont on veut imprégner l'élève ? Mais la question qui se pose alors brutalement consiste à savoir si la foi et le patriotisme sont à ce point en danger pour que l'on instaure des mesures dites pédagogiques visant à les réhabiliter ? Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.