La relance du cinéma algérien ne saurait se faire sans «l'intervention et l'implication des pouvoirs publics» par la mise en place d'une stratégie axée, notamment, sur la formation, la réouverture des salles de cinéma et la mise sur pied d'organismes de production et de diffusion, a estimé, hier à Tizi-Ouzou, Mouloud Mimoun, critique cinématographique et directeur du festival de Paris «Cinéma du Maghreb». Mouloud Mimoun, qui a animé une communication sous le thème «Cinéma du Maghreb», dans le cadre du cycle de conférences du Festival de film amazigh qui se déroule dans la wilaya, a expliqué que le «recul du cinéma algérien a commencé dans les années 1990, période durant laquelle le cinéma algérien était en retrait à cause du terrorisme et du démantèlement, en 1998, de tous les instruments (organismes nationaux) du cinéma algérien». «Les cinéastes se sont retrouvés projetés dans la nature, alors que la fermeture des salles de cinéma a induit la suppression des recettes des guichets, qui permettaient d'avoir un fonds de soutien et de financement du cinéma», a-t-il ajouté. Ce critique cinématographique pense, par ailleurs, que la relance du cinéma algérien est tributaire de la mise en place, par l'Etat, de «lois et d'institutions pour la promotion du 7e art, qui vont offrir aux cinéastes la possibilité de produire». La réouverture des salles de cinéma permettra de redonner au public l'habitude d'aller voir des films en salle, a-t-il ajouté. Un cinéma de qualité passe également par la création d'écoles de formation aux métiers du cinéma, a-t-il déclaré, observant qu'il est «essentiel que les jeunes cinéastes soient formés pour apprendre l'écriture cinématographique et ses codes». Mouloud Mimoun a souhaité, dans ce cadre, que le Festival du film amazigh prenne en charge ce volet en faisant appel à la contribution de professionnels pour animer des ateliers-scénarios, de documentation, de montage, etc. durant deux ou trois ans, afin d'aboutir à la fin de cette période de formation à des productions de qualité. Toutefois, il a déploré l'émergence d'une «production volontariste», de jeunes cinéastes, facilitée par les nouvelles technologies, notamment la caméra numérique qui offre, a-t-il dit, une «facilité technique, mais qui présente un handicap au niveau de la qualité cinématographiques lorsque la formation fait défaut».