Responsabilité - La mafia de la pomme de terre est à l'origine de la flambée vertigineuse du prix de ce tubercule sur les marchés algériens. C'est ce qu'a déclaré hier le Secrétaire général de l'Union générale des commerçants et artisans algérien (UGCAA), M. Salah Souilah, lors d'une conférence de presse à Alger. Il a ensuite affirmé que d'importantes quantités de pomme de terre ont été stockées par cette mafia qui la met sur les étals des marchés par petites quantités pour garder les prix à leur niveau «record» actuel, c'est-à-dire entre 70 et 100 DA. « Si le ministère de l'Agriculture et du Développement rural ou le ministère du Commerce brandissent, ne serait-ce que la menace d'importer un bateau de ce tubercule, cette mafia mettra toute la quantité stockée sur le marché national de peur que la pomme de terre importée ne leur casse les prix», a-t-il estimé. Outre le stockage d'importantes quantités de pomme de terre, le conférencier a indiqué que la semence utilisée lors de la précédente campagne agricole par les agriculteurs était de mauvaise qualité, ainsi la production a suivi systématiquement. C'est-à-dire un très mauvais rendement. Pour faire face à la spéculation et aux augmentations «injustifiées» des prix des légumes et fruits, et même pour les autres produits de consommation, l'UGCAA suggère au ministère du Commerce de plafonner les prix et fixer la marge bénéficière. Selon M. Souilah, une telle organisation définira le gain de chaque intervenant. Le plafonnement des prix et la fixation des marges bénéficières pour chaque intervenant sont entre autres les solutions pour éradiquer l'anarchie qui règnent dans nos marchés en matière de prix. S'agissant de la situation au niveau des marchés de gros, l'UGCAA tire la sonnette d'alarme contre le pourrissement. Les commerçants exerçant au marché de gros de Bougara ont entamé hier une grève illimitée pour protester contre un cahier des charges qui leur a été «imposé» par les autorités locales. «Nous dénonçons ce cahier des charges, notamment les nouvelles tarifications qui nous ont été imposées d'une manière unilatérale par les autorités locales», a indiqué hier le président de l'Union nationale des marchés de gros des légumes et fruits M. Mustapha Achour. Selon lui, les prix de location des carreaux de vente contenus dans ce cahier des charges ont connu une hausse vertigineuse.» De 2 500 DA par mois, le prix de location a atteint les 15 000 DA, c'est scandaleux», a ajouté le même responsable. «Les marchands de gros de Bougara poursuivront leur mouvement de grève jusqu'à la satisfaction de leurs revendications légitimes », a-t-il ajouté. Abondant dans le même contexte, M. Salah Souilah a affirmé que la grogne a atteint son paroxysme au sein de ce secteur qui compte près de 2 millions de commerçants et environ 4 millions de travailleurs. «Le ministère du Commerce doit ouvrir la porte des discussions aux représentants des commerçants pour trouver des solutions à l'anarchie qui règne sur nos marchés et des solutions aux problèmes posés», a-t-il dit. «Nous ne voulons pas entamer une grève vu la conjoncture actuelle, notamment l'approche des élections législatives. Cependant, si le ministère de tutelle continue de faire la sourde oreille, nous envisagerons une grève qui concernera les cinq marchés de gros du Centre, en l'occurrence le marché des Eucalyptus, de Bougara, de Boufarik, de Khemis el-Khechna et de H'tatba», a expliqué Souilah. Où est passé Magro ? Magro est un organe mis en place récemment par le ministère du commerce pour gérer les marchés de gros sur le territoire national. Or, Magro est invisible. En effet, cet organe n'existe que sur papier. «Nous aurions aimé que Magro fasse son travail sur le terrain parce que la situation est très inquiétante. L'anarchie fait la loi sur nos marchés », a expliqué M. Souilah. Selon lui, le commerce informel gagne de plus en plus du terrain au détriment de l'activité commerciale régulière. « Que fait l'Etat pour contrecarrer ce phénomène qui gangrène nos marchés ? », s'est interrogé Mr Souilah qui tire la sonnette d'alarme.