Le constat est clair : "l'anarchie touche quasiment, et sévèrement, tous les segments de l'activité commerciale en Algérie(…) La responsabilité est partagée, certes, mais elle reste surtout imputable aux différents services du département du Commerce". Brossant le tableau de la triste et inquiétante réalité du marché national actuellement, M. Salah Souilah, secrétaire général de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, UGCAA, se garde, surtout, de ne pas confondre difficultés et réalités du terrain avec les convoitises et les mauvaises intentions de certaines parties impliquées d'une manière ou d'une autre dans le circuit de l'activité commerciale. La hausse vertigineuse du prix de la pomme de terre, et de tous les autres produits alimentaires, à l'approche de l'Aïd en est, pour lui, la parfaite illustration. En effet, interrogé sur les véritables raisons de la rareté et de la cherté de ce produit agricole de large consommation dans notre pays, M. Souilah, l'invité hier, du forum hebdomadaire de la chaîne I, "Fi El Wadjiha", n'a pas hésité à faire endosser la responsabilité aux pouvoirs publics. Pour situer le fond du problème, le responsable de l'UGCAA n'y va pas par quatre chemins. " Une spéculation à grande échelle menace de toucher, à n'importe quel moment, tous les produits. Il y a trop de marchés informels, et tout citoyen peut acheter des quantités de produits et appliquer les prix qu'il désire. Il n'y a qu'à voir ces marchands qui s'improvisent à coté des commerçants exerçants également avec des registres de commerce…", indique M. Souilah. L'UGCAA se prononce en faveur de l'idée de l'installation d'officines de régulation proposée tout récemment par le ministre du Commerce M. Hachemi Djâaboub. L'invité du Forum hebdomadaire de la chaîne I dresse le même diagnostic concernant les nombreux paramètres dénotant une totale dérégulation du marché. Celui de la grève des boulangers, de la montée du prix du mouton à l'approche de l'Aïd ou encore, les mauvais agissements que ne cessent de subir les nombreux usagers des services de taxi, pour ne citer que ceux-là. Pour M. Boulanouar, porte-parole de l'UGCAA, toutes les solutions possibles passent impérativement par la régulation du marché en concertation avec les professionnels, les représentants des commerçants et artisans et distributeurs aussi. C'est dans cette optique, que cette organisation aspire à jouer un grand rôle prépondérant, dans le nouveau contexte économique national "tout en s'inscrivant dans une espèce de revendication syndicaliste, puisque le fait est finalement d'arracher les droits des commerçants", explique Boulanouar. Jamais, depuis sa création en 1956, l'UGCAA n'a connu autant d'animation : avant la fin de 2006, l'organisation aura regroupé autour d'elle 30 commissions représentant diverses professions et filières économiques et commerciales. L'UGCAA est aujourd'hui fière des conventions signées avec les plus grands opérateurs privés, tels que Djezzy et Tonic emballage. Des conventions similaires ont été signées avec les agences qui rendent service aux commerçants, comme surtout celles des assurances. Dans sa stratégie pour un souffle nouveau, l'UGCAA a procédé par l'infiltration dans les commissions à travers toutes les institutions des wilayas, comme les commissions des recours, les impôts, etc. Un grand travail reste à faire et serait bénéfique si l'UGCAA réussit à apporter son soutien à l'organisation du marché national, la lutte contre l'intégration, dans le circuit régulé et régulier, du marché informel par où il transiterait à près de 60%, croit savoir M. Souilah. La désorganisation des circuits de vente et de la distribution dissuade les investisseurs nationaux et étrangers à s'installer et investir chez nous. "Comment songer dans ces conditions à intégrer l'OMC, qui est par définition un marché mondial organisé alors que nous ne disposons même pas des marchés de bétail réguliers ni ceux des produits de l'alimentation générale ? ", s'interroge M. Souilah. Ce dernier n'omet pas, concernant la création d'espaces de vente réguliers, de souligner le signal d'optimisme, qu'est la décision du président de la République, de créer des marchés de gros à travers le territoire national. "Les études sont en cours aux niveaux des services compétents de plusieurs wilayas…", indique M. Souilah.