Alors que la question de l'Irak prend de plus en plus de place dans le débat électoral, le président républicain, George W. Bush, et son rival démocrate, John Kerry, affichent de nouvelles divergences sur la stratégie à appliquer pour mettre fin à une année d'occupation américaine. Les deux hommes sont cependant d'accord pour «tenir le cap» en dépit du regain de violence en Irak. Ils sont également tous les deux favorables à l'envoi de renforts, si nécessaire, et comptent, en outre, sur le soutien politique des Nations unies. Mais quelques fissures, certaines plus larges que d'autres, commencent à apparaître dans ce tableau depuis quelques jours, alors qu'approche à grands pas la date du 30 juin pour un transfert des pouvoirs en Irak. Tandis que M. Bush insiste sur un Irak «démocratique», M. Kerry souhaite parvenir à un Irak «stable». Si M. Bush a donné toute latitude à un émissaire de l'ONU pour mettre au point la transition, M. Kerry veut impliquer les Européens et des Etats arabes. Bien que les questions de politique étrangère aient généralement peu d'impact sur le cours des campagnes présidentielles aux Etats-Unis, l'Irak est en bonne place dans les préoccupations des Américains, le nombre des soldats tués au cours du seul mois d'avril ayant dépassé la centaine. Les électeurs placent désormais l'Irak et le terrorisme au même niveau que l'économie dans l'échelle de leurs préoccupations. Selon un sondage Washington Post-ABC News publié la semaine dernière, 23% des personnes interrogées considèrent que l'Irak est le seul dossier important, soit 10% de plus qu'en mars.