Impasse - A trois jours de leur match de coupe de la CAF, contre le club Tanzanien de Simba, les joueurs et l'administration de l'ESS sont en grève ! Qui l'eut cru, il y a seulement deux ans. Il y a deux ans lorsque le club-phare des Hauts Plateaux roulaient sur de ''l'or'' en atteignant un budget annuel de 80 milliards de centimes, du temps de l'amateurisme ! Aujourd'hui, que le club est passé à la forme professionnelle, à l'instar des autres formations de Ligue 1 et 2, le club est à l'agonie et la société qui le gère est sur le point de déclarer faillite. Joueurs et administration en grève et le club est en situation financière désastreuse, alors qu'il est le leader actuel du championnat et qualifié en demi-finale de coupe d'Algérie, sans compter qu'il est l'ambassadeur du football algérien en compétition africaine. Aujourd'hui, et selon le président Hammar, un début de solution pointe le nez et il y a de forte chance que les joueurs reprennent dès ce soir le chemin des entraînements, au moment où l'adversaire Tanzanien est déjà dans nos murs. Il faut dire que la situation de l'Entente de Sétif, qui illustre parfaitement l'échec du passage au professionnalisme de notre football sans une véritable réflexion et surtout une étude de faisabilité, n'est la seule puisque d'autres clubs sont dans le même cas. D'où le retour sur scène de l'association des présidents de club sous l'égide cette fois d'un forum présidé par M. Abdelkrim Yahla, le patron du WA Tlemcen. Ce forum a tenu d'ailleurs une réunion avant-hier, à laquelle ont assisté 23 présidents parmi les 32 clubs professionnels, pour faire une lecture de la correspondance sous forme de plateforme de revendications qui sera transmise au premier ministre, au ministère de la jeunesse et des sports et à la fédération algérienne de football pour attirer leur attention sur la situation très délicate des formations et surtout des sociétés qui gèrent le football et qui risquent d'être dissoutes d'ici la fin de la saison, si bien évidemment les choses ne connaîtraient pas de changement. Par ailleurs, si les clubs algériens ont adopté le label professionnel, en changeant tout simplement de statut, les dirigeants, eux, sont restés les mêmes et continuent à gérer les affaires de leurs formations. Du club sportif amateur (CSA) à la société par action (SPA), les dirigeants du football algériens sont passés d'un mode de fonctionnement à un autre avec une facilité déconcertante, sans prendre la peine de prévoir dans leur saut une mise à niveau de la gestion à tous les niveaux. Quel est le club qui peut se targuer aujourd'hui de posséder un simple organigramme digne d'une formation professionnelle ? Aucun, sauf peut-être l'USM Alger d'Ali Haddad qui a fait des efforts dans ce sens en essayant de mettre une organisation professionnelle à tous les niveaux, avec pas moins de 130 employés à la charge du club. La formation de Soustara a tenté également de construire en recourant aux anciens, comme Mouldi Aïssaoui et Réda Abdouche, où d'ex-internationaux tel qu'Ali Fergani, mais sans connaître pour l'instant la réussite souhaitée. Le président Ali Haddad dépense sans compter en cette phase de reconstruction, (on parle de 80 milliards de centimes déjà), mais la ressource humaine demeure le volet le plus délicat à gérer et à rentabiliser sur le court terme. L'amateurisme sévit toujours Dans un autre club, dont on taira le nom, un président inamovible, refuse toujours d'engager un directeur pour la gestion de son SPA sous prétexte qu'il ne peut pas le payer ou qu'il refuse d'admettre qu'un manager peut émarger à plus de 200 000 DA/mois ! Alors qu'un joueur peut en toucher dix fois le montant, comme salaire mensuel seulement. Du coup, la professionnalisation des dirigeants devient plus qu'une nécessité, une voie incontournable pour mettre fin à l'incompétence et au copinage. Le bénévolat devait prendre sa retraite dès le passage au professionnalisme, sans que cela signifie que certains qui ont géré du temps de l'amateurisme ne le sont pas ou que ceux qui sont diplômés connaissent le foot et ses arcanes. L'essentiel, c'est cette capacité de gérer et de s'entourer des hommes qu'il faut, qu'ils soient d'anciens joueurs ou de managers d'entreprises, d'experts-comptables ou de directeurs sportifs. Les clubs ont besoin de professionnels permanents, à tous les niveaux. Dans un environnement qui se veut économique, il n'y a plus de place pour l'improvisation et le bricolage, ni pour les subventions publics sans fin. Le football algérien doit innover, se créer un marché et des flux financiers. Et cela passe inéluctablement par la qualité du spectacle qui, elle, est liée à la qualité des footballeurs, donc à la formation, et aux stades dans, qui sont les théâtres de la compétition, donc de l'infrastructure. En somme, tout est lié et tout doit aller de front pour le développement du sport-roi, à commencer par les dirigeants ! Sinon c'est la faillite.