Position - Interrogé sur la crédibilité et la transparence des élections législatives, le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), a déclaré avec beaucoup de scepticisme : «Nous n'avons pas de traditions d'élections transparentes.» «Les élections ont été profanées et on s'enfonce déjà dans la corruption, comme les candidatures qui s'achètent dans les bars», a estimé Hocine Zehouane, hier, lors d'une conférence tenue au siège de la ligue sous le thème «L'Algérie en situations». Des actes, aux yeux du conférencier, qui n'augurent rien de bon pour ce qui est des résultats des prochaines élections. «Il y aura une forte vague d'abstention et cela sera comme un message de la société algérienne», a prédit M. Zehouane. Selon lui, ces élections «auraient pu être reportées sans aucune incidence en attendant d'assainir l'édifice institutionnel». Le conférencier trouve également que «la société algérienne est bloquée et ne fonctionne que grâce à la manne pétrolière». Et pour dépasser une telle situation, «il faut immédiatement changer et lever toutes les contraintes», affirme-t-il. La solution que propose la ligue et qui a été, selon le conférencier, remise dans un manifeste à la commission Bensalah, mais qui est restée lettre morte, se base sur la mise en place d'une Constitution cadre. «Il nous faut des institutions solides qui peuvent réguler et résister pour ne pas mettre le pays en péril. Il nous faut une Constitution qui veille à la garde des institutions qui pourront durer pour répondre aux besoins des générations futures», a-t-il expliqué, en ajoutant : «A partir de là, nous pourrions jouer à tous les paris et faire toutes les expériences qu'on voudrait.» Mais pour le conférencier, il est inutile de passer par une Constituante, qui, à ses yeux, «serait une aventure» dont on ne peut pas prévoir les conséquences. Evoquant le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, M. Zehouane a souligné : «Nous estimons que ce rendez-vous historique impose à l'élite algérienne que l'Algérie a besoin d'une refondation radicale sur le volet institutionnel, de l'économie et la standardisation sociale.» Par ailleurs, M. Zehouane, lors de cette conférence, a traité de plusieurs questions liées notamment au Printemps arabe, qui a vu des régimes s'effondrer. «Nous assistons à l'effondrement et au délabrement du monde arabe et personne ne peut savoir sur quoi cela va déboucher», a-t-il estimé tout en considérant que «le monde arabe et l'Afrique sont le ventre mou qui attire les forces expéditionnaires de la recolonisation qui sont prêtes à intervenir pour la reconquête d'espaces et de richesses». - Selon un sondage sur internet, effectué par la LADDH sur un échantillon de plus de 4000 personnes en Algérie, en posant la question de savoir que signifie pour vous le Printemps arabe, 67,49% ont répondu que le Printemps arabe est porteur de risques et de dangers, 22,31% qu'il est chargé d'incertitudes et 10,02% ont estimé que le Printemps arabe est porteur de changement.