En ouvrant son économie aux couloirs du marché mondial, l'Algérie ne se doutait pas un instant qu'elle allait en subir les fortes turbulences et les grandes fluctuations : ce libéralisme débridé, diront les économistes, ne sert en fin de compte que les grandes multinationales du médicament, de l'agroalimentaire et de ces produits de consommation accessoires que sont l'électroménager et la voiture. Faut-il donc sortir des grandes écoles pour produire des biscuits, des friandises et des pâtes alimentaires de meilleure qualité que celles qu'on nous «fourgue» par bateau entier en provenance des rivages d'en face ? Et cette industrie automobile mondiale qui trouve des débouchés inespérés dans notre pays sans qu'une seule usine de montage ait vu le jour intra-muros ? Il y a quelques années, il était question de «stratégie industrielle» et l'on s'attendait à ce que le gouvernement déploie un plan de développement de la petite et moyenne entreprise afin de libérer l'économie nationale de la dépendance étrangère. L'intention fut vite vouée aux oubliettes, sanctionnant lourdement les entrepreneurs de tout acabit, découragés par un système bancaire des plus archaïques, et surtout n'ayant aucune assurance d'écouler leurs produits devant la concurrence du container. Plus brutalement, un fabricant algérien de biscuits à moins de chances de vendre sa marchandise qu'un importateur de Turquie exonéré ipso facto d'impôts puisqu'il vend directement sur le marché informel et chez les détaillants qui ferment les yeux sur la facturation pour augmenter leur marge bénéficiaire. Devant la détérioration du pouvoir d'achat de la population et la situation d'inflation galopante, l'Etat veut encore une fois jouer au régulateur. Comment ? On ne nous le dit pas : La meilleure façon de réguler le marché, c'est peut-être de songer sérieusement à jeter les bases d'une économie indépendante des lobbies étrangers du blé, du lait et du reste. Puisque l'argent du pétrole coule à flots, c'est une occasion propice pour relancer l'industrie et l'agriculture. Enfin de quoi je me mêle ? Khelli l'bir Beghtah.