Il faudrait un jour songer à étudier dans le détail l'inflation dans notre pays. On serait à la fois édifiés et stupéfaits par son taux incroyable. Face à cette situation, l'augmentation substantielle du SNMG estimée au départ à 25 000,00 dinars pour faire face à tous les besoins, est descendue à 18 000,00 dinars. A ce sujet, les économistes sont très prompts à tirer la sonnette d'alarme en incitant les décideurs à ne pas céder à la tentation de puiser dans l'épais matelas de devises générées par les recettes des hydrocarbures et à avoir la main généreuse pour les travailleurs. Ils ont raison, les recettes pétrolières et gazières n'étant pas renouvelables, distribuer ainsi la rente peut s'avérer d'une grande imprudence. Mais a contrario, que faire de tout cet argent ? Pour l'heure, hormis la réalisation de l'autoroute Est-Ouest et un tronçon, un seul, aucun autre projet d'envergure susceptible de donner le coup d'envoi de ces réformes, tant et tant annoncées, n'a vu le jour. Des réformes, rappelons-le, censées secouer le tissu économique national, tributaire d'un processus d'import-export et d'un marché informel qui ne cesse de le miner. Certains hauts responsables ont sûrement raison d'évoquer la productivité comme étant le seul critère qui déterminera une substantielle augmentation de la croissance, donc du pouvoir d'achat, mais qu'ont-ils fait pour développer une industrie hors hydrocarbures ? Hormis quelques rares entreprises nationales privées qui font de la résistance et dont la production tente, tant bien que mal, de se frayer un chemin parmi les chinoiseries et autres turqueries qui ont envahi le marché, aucune usine digne de ce nom n'a ouvert ses portes en Algérie, laissant le commerce à la merçi de tous les petits producteurs, tunisiens, marocains et espagnols, qui écoulent leur marchandise sur les étals de nos souks informels. Les usines qui ferment sont par contre légion, comme en témoigne l'industrie du textile qui a mis la clé sous le paillasson depuis déjà de longues années, cédant à l'importation de produits contrefaits. Prétexter de l'extrême faiblesse du taux de productivité pour empêcher toute augmentation substantielle du SNMG est de bonne guerre, mais à condition d'engager la bataille de l'industrialisation, plus exactement du réinvestissement dans ces unités perdues par la faute d'une gestion très approximative et d'une libéralisation qui nous a fait prendre des vessies maghrébines pour des lanternes d'Aladin ou des biscuits, des yaourts et des conserves de toutes sortes pour des produits de qualité. Et dans cet embrouillamini qui fait du container une vertu économique, n'importe quel jeune postulant pour la création d'une micro-entreprise vous dira le parcours semé d'embuches que les banquiers, les fonctionnaires et toutes sortes d'inutiles intermédiaires lui feront faire avant qu'il n'abandonne et ne se résigne à jouer les transporteurs de cabas ou les marchands de pacotilles chinoises. En attendant ces satanées réformes qui ne veulent vraiment pas décoller, pourquoi s'en faire ? Puisque le baril du pétrole se porte bien. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.