Historique - Il a fallu attendre un demi-siècle d'indépendance pour voir un club du Grand Sud, la JS Saoura, accéder en Ligue 1. Un exploit qui restera gravé dans les annales du football algérien. Ils sont peu nombreux à avoir parié un dinar en début de saison sur une accession de la JS Saoura en Ligue 1 professionnelle dans une division qui renferme des cylindrées rompues et d'anciens pensionnaires de l'élite, tels que l'USM Blida, l'USM Annaba ou le MO Constantine, qui ont raté leur accession. Pour le président Mohamed Zerouati, l'objectif premier du club était le maintien évidemment, mais après quelques journées, et dans son for intérieur, il crut à cet exploit inédit, comme il le racontait hier sur les ondes de la radio nationale : «J'avoue que dès le départ, j'ai cru à cette accession, mais je ne l'ai jamais clamé pour éviter de passer pour un prétentieux et ne pas mettre trop de pression sur l'équipe. Mais aujourd'hui, nous sommes récompensés pour nos efforts et nos sacrifices entamés depuis des années». Ainsi, après leur victoire hier, lors de la 28e journée du championnat de Ligue 1 face au SA Mohammadia (3 à 1), les hommes de l'entraîneur Belhefiane, ont concrétisé le rêve de toute une région, même si certains considèrent que l'US Biskra, qui a déjà séjourné parmi l'élite, est un club du Sud. Mais là, on parle d'une vaste région qui englobe des wilayas comme Illizi, Tamanrasset, Adrar, Tindouf, Ghardaïa, Ouargla, Laghouat, El-Oued et Béchar. Et c'est cette dernière qui a eu l'insigne honneur d'envoyer son représentant en Ligue 1, après une saison jalonnée de succès et d'une régularité digne d'un champion. Pour «Hmimou», le surnom du président Zerouati, l'exploit de son club est d'autant authentique car le JSS a aligné une accession chaque année depuis sa création en 2008 ! Quant au secret de cette performance, qui donnera certainement un nouveau souffle venu du sud, elle se situe à plusieurs niveaux, à commencer par la stabilité à tous les niveaux du club, notamment à la barre technique où Mihamed Belehfiane est à sa quatrième saison. Ils sont d'ailleurs très rares les clubs en Algérie qui conservent leur coach au-delà d'une saison, ce qui n'est pas le cas du JSS qui a également préservé l'ossature de l'équipe en la renforçant à chaque palier par des recrues de choix, mais pas de vedettes, comme l'affirme M. Zerouati : «Chez nous, nous n'avons pas de stars car c'est l'équipe qui prime. Nous avons su faire les bons choix et nous récoltons aujourd'hui les fruits de ce travail collectif auquel tout le monde a contribué, y compris les autorités de la wilaya et nos sponsors qui sont tous à remercier». Hier, la ville de Béchar et toute la wilaya étaient en liesse après le coup de sifflet final et les chants de «Campeone ! Campeone !» raisonnaient partout, à Didandou, Debdadba, et même ailleurs à Taghit, Ben Abbès ou Igli, pour ne citer que ces communes de cette vaste contrée. Interrogé sur les perspectives du club qui va se frotter dès le mois de septembre prochain aux «mastodontes» de la Ligue 1, le président du JSS annonce déjà la couleur : «Nous resterons dans la continuité de notre philosophie et on effectuera quelques renforts de choix, y compris au niveau du renforcement du staff technique. D'ailleurs, nous sommes en contact avec quelques techniciens algériens, et même de l'étranger, de Pologne et d'Espagne. C'est dire notre ambition de nous maintenir et de rester le plus longtemps possible en Ligue 1». Comme quoi il ne suffit pas d'y arriver, mais de maintenir le cap, et c'est à quoi aspire le club cher aux Becharis qui ne cachent pas leur ambition de coiffer le CA Bordj Bou-Arréridj en terminant à la première place du podium puisqu'il reste deux journées de compétition dans cette division. En attendant, les camarades de Motrani, Sefioune, Zaïdi et autre Mebarki, des inconnus au bataillon vont savourer avec leur supporters ce sacre inédit et oxygénant pour un football algérien en pleine crise de violence.