En ces temps où nous restons accrochés au moindre mouvement de nos internationaux à l'étranger et d'ici, il est un peu malvenu de parler de football amateur. Alors, faisons dans le malvenu et jetons un coup d'œil sur El Bahia foot qui organise chaque année des tournois, devenus désormais une tradition dans la ville d'Oran et il en est déjà à sa treizième édition. Très peu de confrères n'ont pas jugé opportun de couvrir l'événement ou de ne rapporter que les échos, parce que ces manifestations de province n'intéressent personne, ou tout au plus les gamins des quartiers qui y sont impliqués. Pourtant, ce championnat inter quartiers dure tout un mois, exactement comme la Coupe du monde. Il a engendré un enthousiasme propre à la farouche concurrence des quartiers et il est souvent rehaussé par la présence d'anciennes gloires, telles que Belloumi, Megharia et Kouici qui ont aussi à chaque fois mis le pied à la pâte pour gratifier la foule d'un beau spectacle. Bref, c'est la fête totale sauf qu'au-delà du caractère festif, ce genre de tournoi véhicule des vertus et des valeurs insoupçonnées et devrait impérativement être élargi à toutes les villes du pays. Imaginons un peu que Constantine, Sétif, Annaba et Alger se mettent, elles aussi, à organiser des manifestations annuelles de cette envergure ? Elles contribueraient énormément à instaurer un caractère rassembleur au sein d'une jeunesse assoiffée de loisirs sains et stimulants, tout en encourageant la pratique d'une discipline, hélas dévolue aux pros qui émargent dans des clubs et qui a laissé en rade beaucoup de talents inconnus qui périclitent dans les cités populeuses, en proie à toutes les morbides tentations. On nous dit qu'à ce tournoi d'El Bahia, pas moins de soixante équipes de la région Ouest participent chaque année : de quoi aisément organiser trois divisons de championnat amateur, surtout qu'aucun de ces clubs n'est structuré. De fieffés amateurs qui n'ont que la passion du ballon à faire valoir. D'énormes potentialités que les instances sportives locales et nationales se doivent d'exploiter dans les plus brefs délais : c'est dans ces ruches, ces pépinières populaires qu'on décèle la graine de grands champions et non dans ces compétitions d'outremer où l'on va importer du footballeur prêt-à-jouer comme on importerait un bien d'équipement. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.