Suspicions D?alliés séculaires, hier, les deux pays se suspectent mutuellement de velléités déstabilisatrices réciproques. Les relations américano-saoudiennes risquent de se trouver sérieusement affectées par les accusations sur le présumé soutien de l'Arabie saoudite aux groupes terroristes, a prévenu, hier à New York, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal. Dans une intervention devant l'Association de la politique étrangère, il a indiqué vouloir tirer la «sonnette d?alarme», car «l'harmonie de notre longue et fructueuse relation est menacée». Accusant certains médias de diaboliser son pays, le ministre a aussi cité la publication récente de plusieurs livres tentant de décrire l'organisation sociale et politique saoudienne comme alimentant l'extrémisme et le terrorisme. «Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité», a-t-il déclaré. «Après les événements de la semaine dernière à Riyad, je ne pense pas qu'aucune personne sensée puisse mettre en doute notre engagement à mener une guerre sans répit contre le terrorisme.» Une voiture piégée a, pour rappel, explosé la semaine dernière devant le quartier général des forces de sécurité, dans le centre de la capitale saoudienne, faisant au moins cinq morts et 145 blessés. Le pays tente de défendre sa réputation depuis que l'enquête sur les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington a montré que 15 des 19 auteurs de l'attaque étaient Saoudiens. Assimiler l'idéologie de ces hommes à celle du peuple saoudien tout entier est, selon le prince Saoud, faux et contre-productif. «Il est ironique que ceux qui attaquent le plus fortement l'Arabie saoudite servent involontairement les objectifs d'Al-Qaîda», a-t-il déclaré. «Les attentats ont conduit à atteindre un pays qui est sans doute le plus apte non seulement à mener la guerre contre (Al-Qaîda), mais aussi à empêcher (Al-Qaîda) d'étendre son idéologie dans le monde musulman.» Les relations entre Washington et le régime wahhabite se sont resserrées au début des années 1990, les Saoudiens restant très reconnaissants à l'égard de George Bush père d?avoir dissuadé Saddam Hussein de s'en prendre à leur pays après le Koweït. L'Administration de son fils mettra sous le boisseau du secret d'Etat 28 pages d'un rapport d'enquête du Congrès, publié en juillet 2003, sur les attentats du 11 septembre, évoquant un soutien de Riyad au terrorisme. M. Bush fera également évacuer vers Riyad des Saoudiens et des membres de la famille Ben Laden vivant aux Etats-Unis, peu après les attentats.