Au fil du temps, les pratiquants ont développé des habitudes à tel point que le vendredi est devenu une journée particulière qu?il ne faut consacrer qu?à la prière. Tout un rituel précède l?heure du grand rendez-vous. Cela commence dès les premières heures de la matinée, c?est à qui prendra son bain le premier pour ceux qui sont nombreux dans une même famille à prendre le chemin de la mosquée. L?absence de commodités, comme l?inexistence d?une salle de bains ou la pénurie d?eau, fait que beaucoup se rendent aux douches publiques. Les maisons de Dieu sont pleines bien avant l?heure de la prière. Les fidèles y entrent, qui pour accomplir quelques «raq?âte», qui pour écouter le Coran diffusé par haut-parleur. Tout s?arrête entre 12 heures et 14 heures. Il n?est pas question d?exercer une quelconque activité, une règle observée même par les non-pratiquants, notamment les commerçants et les transporteurs privés qui interrompent leurs activités séance tenante. Tout en demeurant sur les lieux, comme les marchés et les stations de transport, ceux-ci ne se gênent nullement pour faire attendre des clients retardataires. «Ce serait commettre un péché (h?ram) que de servir des clients», s?accordent à répondre les intéressés qui, bien que ne faisant pas la prière, assurent que «l?exercice du commerce devient illicite pendant le prêche et la prière». Même chose pour les transporteurs qui refusent de démarrer avant la sortie des fidèles des mosquées. Cela veut-il dire que ceux des générations précédentes étaient moins croyants, quand le vendredi était une journée de travail ? «Notre piété était aussi forte, sinon plus, que celle que nous observons autour de nous», nous a affirmé un vieil homme qui ne cache pas son antipathie pour ces jeunes qui «ont tout déformé dans notre vie, jusqu?à la religion». Il se souvient de cette journée comme étant celle de l?activité et de la prière en même temps. «Nous nous absentions de nos postes le temps d?accomplir notre devoir religieux. Les jeunes, qui vous opposent l?argument de la prière, ne regardent pas vers l?avenir». Cet autre a relevé que, de son temps, «la ferveur faisait partie de l?existence de tout le monde et il n?y avait pas besoin de l?extérioriser. Croyez-vous que les jeunes d?autrefois n?étaient pas pieux ?» Halim, lui, n?est pas de cet avis. Ce jeune commerçant se dit contre le travail la journée du vendredi car il se verrait obligé de faire rentrer sa marchandise et de fermer sa boutique avant d?aller à la mosquée, ce qui lui ferait perdre du temps, selon lui. Djamel, lui aussi commerçant, estime que le repos actuel est préférable, le vendredi, pour lui, est synonyme de prière.