Palette - L'exposition signée Souhila Belbahar, l'une des doyennes de la peinture algérienne, se poursuit à la galerie d'art Dar El-Kenz et ce, jusqu'au 10 mai. Cette exposition se présente comme une performance plastique. Elle réunit une trentaine de créations, toutes récentes, centrées autour d'un thème qui tient à cœur la plasticienne depuis le début de sa carrière : il s'agit en effet d'un thème récurrent et qui est celui de la «femme-pétale». D'une peinture à l'autre, Souhila Belbahar fait une représentation onirique du personnage de la femme, une femme représentée sous des traits végétaux, avec des formes identiques à celles des pétales ou des feuilles de fleurs ou de roses. Que ce soit ‘Le chant du rossignol', ‘Cinq colombes pour la paix', ou encore ‘Trèfle à quatre feuilles', toutes ces créations dévoilent une femme à la silhouette pleine de grâce et de sensualité. C'est tout en couleurs qu'elle propose un univers de femme, avec son imaginaire et sa sensibilité. Toute la beauté féminine y est représentée, exprimée avec autant de splendeur que de poésie. La femme paraît chamarrée, légère dans ses mouvements, à l'attitude souple et aérienne. La forme imaginaire de son corps lui confère la liberté du corps ainsi que de la féerie et du naturel. Cela rend sa présence fluide et instantanée. Outre l'univers végétal ou floral dans lequel les personnages – au féminin – évoluent, la plasticienne imagine ces dernières avec des tonalités musicales. Force est de constater que les femmes de Souhila Belbahar sont exceptionnelles : ce sont des artistes musiciennes passionnées d'instruments à cordes ancestraux, tels que le luth, le violon... qui «sont délicatement mis dans les mains de silhouettes féminines gracieuses, couvertes de tenues visiblement traditionnelles aux motifs propres au caraco». Ces «femmes-musiciennes», qui se déploient dans un environnement paysagiste verdoyant et typiquement féerique, semblent vraisemblablement épanouies par les sons que dégagent des cordes des instruments qu'elles tiennent, mélodies que l'on ne peut qu'imaginer. C'est ainsi que ses tableaux s'organisent non seulement comme des peintures, mais aussi pareilles à des partitions. Toutes des compositions symphoniques. C'est de l'art pur, sublimé par une intonation poétique, musicalement perceptible. Sur ce, la plasticienne dira : «Tout ce que je suis capable d'exprimer, je ne le fais que par rapport à une réalité intérieure que constitue mon appréhension personnelle du monde. Il s'agit de faire de ma vie l'outil de ma libération». Outre ces tableaux qui dominent la galerie d'art, l'exposition comprend aussi des toiles autour de la nature morte, des traditions locales algériennes (mariages, circoncisions…) et des portraits de visages aux traits expressifs. L'émir Abdelkader, le poète, le philosophe, le visionnaire, le maître soufi, fondateur de l'Etat algérien moderne, est représenté par un portrait intitulé ‘Le sage et ses compagnons'. Une façon de rendre grâce à la pensée et à la sagesse de l'Emir, homme universel. Les toiles exposées sont réalisées selon différentes techniques de peinture (acrylique, aquarelle, peinture à l'huile et mixtes) dans les styles abstrait, figuratif et semi-figuratif.