Les participants à une rencontre sur «Les proverbes populaires en Algérie» ont estimé, hier, dimanche, à Oran, que le parler par proverbes dans la société oranaise a connu une régression. Pour la poétesse Bensafi Houaria, l'expression orale des Oranais «ne conserve aujourd'hui que quelques proverbes ayant résisté aux mutations que connaît la société.» D'autres expressions, a ajouté Mme Bensafi, qui compte publier «prochainement» une revue spéciale de proverbes connus dans l'ouest du pays, y ont pris la place, notamment en milieu de jeunes, par le fait des vents de la modernité et des nouvelles technologies de communication. Le poète Abdallah Rouached, qui s'intéresse à ce genre d'arts populaires a fait remarquer que les proverbes aujourd'hui font l'objet «d'indifférence et sont vus comme signes de sous-développement, notamment dans les grandes villes, à la différence des villages qui continuent à préserver jalousement ce pan du patrimoine culturel.» Des intervenants ont indiqué que l'utilisation des proverbes s'est limitée à certains aspects de la vie quotidienne illustrant des situations particulières malgré la richesse des expressions proverbiales héritées de père en fils et qui nécessitent d'être sauvegardées. La présidente de l'association Mahaba wa salam d'Oran a relevé une certaine «incapacité» de transmettre les proverbes aux jeunes, à tel point que seules les personnes âgées continuent de les véhiculer, insistant sur le fait de sauvegarder ce patrimoine oral. De l'avis de certains intervenants, les raisons de la disparition de la majorité des proverbes dans le langage actuel des citadins sont dues à «l'éclipse du Goual», porteur de la mémoire collective, qui les employait dans les halqas aux marchés. Les proverbes populaires, sève intellectuelle de toute une société, n'ont pas été utilisés, de manière artistique et esthétique, dans des représentations théâtrales et dans certains feuilletons et œuvres dramatiques, ont déploré des chercheurs dans le domaine du théâtre, soutenant que leur «usage a été mal adapté au texte dramatique» en tant que moyen à faire rire ou dans d'autres sensations agréables ou douloureuses.