Le mot le plus courant pour désigner l'ami, le copain est h'bibi et, au féminin, h'bibti. Ce dernier mot, bien que féminin, est formé directement sur le masculin et a pris un sens intime ; aussi évite-t-on, parfois, de l'employer en public. On lui préfère alors le mot sdiqti, avec un masculin, sdiqi et, à l'école, zamilti «ma camarade», avec un masculin, zamili. Mais h'bibi, sdiqi et zamili, disent les jeunes, sont «vieux jeu». Et même, s'ils les emploient encore, ils préfèrent d'autres termes. On emploie ainsi le français «copain» et «copine» : il y a de la familiarité dans ces mots, mais aussi beaucoup de camaraderie. En parlant de camaraderie, signalons que les aînés emploient camarade, kamarad, en appuyant sur le k et en roulant le r, en langue algérienne ! Le terme le plus en vogue, aujourd'hui, pour désigner l'ami et le copain, est incontestablement chriki. Le mot est sur toutes les lèvres : bonjour chriki ! Que veux-tu, chriki ? D'accord, chriki ! A tout à l'heure chriki ! Et, bien entendu, par le jeu des marques morphologiques, le mot a une forme féminine : chrikti. Le mot, pris ici dans un sens figuré, a, bien sûr, un sens premier, d?ailleurs en usage : «associé», au sens d'associé dans les affaires, mais aussi dans celui de partager certaines choses, des goûts, des idées ou des tendances. Le transfert vers l'ami vient du fait qu'on partage avec celui-ci des choses : le chriki est, étymologiquement parlant, le copain (à l'origine, celui avec lequel on partage le pain). Et, comme on partage tout avec le copain, on partage aussi les mauvaises choses : ainsi, de l'échange fraternel à la complicité, il n' y a qu'un pas : le chriki, c'est aussi le compère et le complice !