InfoSoir : Nous avons fait une tournée dans les différents restaurants de la capitale et nous avons constaté un manque flagrant d'hygiène. A quoi cela est dû selon vous ? Est-ce là un laisser-aller de la part des autorités ? M. Zebdi : il y a plusieurs facteurs responsables de cette situation, mais le plus important est le facteur humain (consommateurs et restaurateurs). Certains consommateurs, par ignorance ou par désintérêt, n'accordent pas beaucoup d'importance aux normes d'hygiène, ce qui encourage certains restaurateurs à faire de la propreté le cadet de leurs soucis. Donc, le consommateur a une part de responsabilité ; il doit être exigent et veiller à ce que tout aliment consommé doit être sain. Il ne doit pas hésiter à boycotter les restaurants ne respectant pas les règles d'hygiène alimentaire, car il y va de sa santé. Parfois, les intoxications alimentaires tuent, il doit le savoir. Les textes réglementaires de protection du consommateur liés à l'activité de contrôle existent, il suffit juste de bien les appliquer par les organismes de contrôle qui sont principalement les bureaux d'hygiène communale créés par le décret exécutif n°87/146 du 30 juin 1987 qui les responsabilise dans le contrôle de la qualité des denrées alimentaires et produits de consommation, produits stockés et/ou distribués au niveau de la commune. Comment peut-on, selon vous, mettre un terme à cette situation? Que proposez-vous ? Chacun doit assumer sa part de responsabilité, que ce soit le consommateur, le restaurateur ou les organismes de contrôle et en particulier les bureaux d'hygiène communale. Ces derniers doivent assumer leurs tâches pleinement, c'est les premiers responsables de l'application des règles d'hygiène et de salubrité au niveau des restaurants. Le décret exécutif n°91/53 du 23 février 1991 relatif aux conditions d'hygiène lors du processus de la mise à la consommation des denrées alimentaires est suffisamment clair pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté dans son application. Nous souhaiterions que ces bureaux soient sous la tutelle de la direction de la santé et non sous l'autorité du président d'APC, car ce dernier, pour des enjeux électoraux, peut tolérer certains dépassements. On propose aussi de réactiver les brigades mixtes (bureau d'hygiène communale, service contrôle qualité et répression des fraudes) Quel est le rôle de votre association et quel est le travail que vous avez fait sur le terrain pour la sensibilisation ? Notre travail est très important dans la sensibilisation du consommateur ainsi que du restaurateur. Nous profitons de chaque occasion pour prodiguer des conseils dans le respect des règles d'hygiène et de salubrité dans les restaurants et en particulier les restaurants collectifs. Nous faisons un travail de proximité permanent où le contact direct avec les concernés s'avère très bénéfique. Nous avons organisé, en collaboration avec la direction du commerce, une caravane de sensibilisations de prévention des toxi-infections alimentaires l'été passé qui a duré une semaine, nous avons aussi contribué aux assises nationales du commerce par des recommandations allant dans ce sens-là, car c'est un secteur que nous maîtrisons parfaitement. Nous recevons des requêtes sur certains restaurateurs que nous traitons à l'amiable et, jusqu'à ce jour, il y a une parfaite réceptivité de ces derniers. Dans notre plan d'action 2012, nous mettons l'accent sur la culture de la consommation afin d'avoir un consommateur instruit et averti. * Président de l'Association de protection et orientation du consommateur, et son environnement (Apoce)