Patrimoine - Plusieurs métiers manuels, dont certains étaient en voie de disparition, repointent le «bout du nez» pour occuper le devant d'une activité artisanale en pleine expansion. Les aides financières allouées aux artisans ont contribué à une réelle reprise des activités de transformation du corail et de la souche de bruyère, qui font la fierté de cette région de l'extrême est du pays. Bien que son exploitation soit aujourd'hui très réglementée, le corail, considéré à juste titre comme un «cadeau de la mer», demeure un produit très recherché pour l'ornement de bijoux et la fabrication de bibelots. Le corail est très recherché, selon Abdelatif B., un ancien artisan spécialisé dans la transformation du corail à El-Kala, pour embellir davantage les objets de décoration ou sertir des bijoux que de nombreuses femmes de cette région portent avec fierté. Abdelatif se remémore avec nostalgie les véritables traditions de pêche et de transformation du corail jadis pratiquées à El-Kala. Hélas, déplore-t-il, cette activité a régressé au point d'être délaissée au profit d'autres métiers plus rémunérateurs. Ces derniers temps, pourtant, le métier de transformateur de corail a retrouvé droit de cité avec le retour d'artisans décidés à relancer cette activité. Des artisans qui, en l'espace de quelques mois, ont réalisé tout un amalgame d'articles (colliers, bracelets, pendentifs, facettes de bagues, chapelets, broches, boucles d'oreilles) pouvant être montés sur des métaux précieux, comme l'or, l'argent ou le platine. Abdelatif, qui comprend les efforts accomplis par les pouvoirs publics pour mettre fin au pillage systématique du corail, émet le vœu de voir, dans un proche avenir, la pêche au corail relancée sous forme de concessions, ou toute autre formule légale, pour mettre un terme à l'exploitation illicite et forcenée du récif corallien et lui permettre de se régénérer dans les meilleures conditions possibles. De son côté, Achour, spécialisé dans la transformation de la souche de bruyère, reconnaît qu'il y a une reprise de cette activité malgré l'absence d'une main- d'œuvre qualifiée à l'échelle locale. Outre les pipes et cendriers, cet artisan insiste sur la variété des produits issus de la bruyère, citant l'exemple des bibelots et autres objets de décoration. La bruyère, essence fidèle du cortège floristique du groupement du chêne-liège, est omniprésente dans tous ses peuplements, sur une superficie exploitable estimée à plus de 40 000 hectares pour un total de 165 000 hectares de forêt. Eu égard au cycle relativement court de régénération de la bruyère, cette superficie est en mesure d'assurer une possibilité annuelle soutenue de 10 000 quintaux de souche de ce produit, a-t-il affirmé. Mettant à profit le financement accordé pour le développement de ces petits métiers traditionnels, la wilaya d'El-Tarf a enregistré ces derniers temps une reprise effective des activités artisanales telles que la fabrication du chapeau en doum (palme de palmier nain) et de certains tapis purement traditionnels, fabriqués à partir de produits forestiers valorisés.