Carence - Plusieurs années après la ratification de la convention internationale des droits de l'enfant, l'Algérie accuse un immense retard sur le plan juridique. Pour venir en aide aux milliers d'enfants victimes de violences chaque année, notre pays n'arrive pas à mettre en place un plan juridique de protection de l'enfance. C'est pour cette raison que l'Algérie a été convoquée pour répondre à son plan de protection de cette frange sensible de la société devant le Comité international des droits de l'Enfant lors de la tenue de la 60e session du Comité international des droits de l'enfant. Ce dernier qui pointe du doigt notre pays, lui reproche la non-conformité à la convention internationale aux lois nationales. Malgré les efforts consentis depuis la ratification, l'aspect juridique pose toujours problème dans notre pays. 80 % des actes de violence et surtout d'abus sexuels sont enregistrés dans le milieu familial et demeurent malheureusement non condamnables en raison des tabous qui pèsent très lourd dans notre société, pis encore, pour ces tabous également, les chiffres demeurent sans aucun doute loin de la réalité puisque le nombre d'enfants qui arrivent à surmonter leur peur et dénoncer les leurs, reste minime. Beaucoup d'associations plaident depuis des années pour aller vers une nouvelle loi de protection de l'enfant algérien, qui est, à ce jour, protégé par la loi 72 avec l'appui d'autres lois (code de la famille, code pénal), ce qui permettra de renforcer la protection judiciaire et sociale de l'enfant. D'autres proposent même d'aller vers un délégué de l'enfant, vers un instrument de surveillance et de suivi de la convention internationale par rapport à tous les programmes politiques et sectoriels, une coordination et un système qui organise tous les secteurs. Et sur le plan de la justice, aller vers des tribunaux spécialisés dans les affaires des enfants comme le recommande l'association pour la défense de l'enfant (NADA) qui avait exposé un rapport préliminaire sur la situation des enfants en Algérie devant les experts du Comité. Plus de 50 000 enfants sont victimes de maltraitance chaque année selon les derniers chiffres rendus publics par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), près de 10 000 cas d'agression sexuelle sur des enfants ont été enregistrés en 2010. Il s'agit d'un vrai phénomène de société. Les enfants, victimes de ces agressions, souffrent dans le silence. Les agressions sexuelles deviennent un véritable phénomène de société d'autant qu'elles restent souvent impunies car elles ont lieu dans le milieu familial. Le président de la Forem évoque également le dossier des enfants illégitimes, «ce problème fait toujours l'objet d'un traitement très discret de la part des pouvoirs publics, ce qui n'apporte aucune solution à ces situations dramatiques», a regretté M. Khiati. Les chiffres sur la déperdition scolaire ne sont pas moins alarmants, 350 000 enfants ont quitté le système scolaire pour travailler, parfois dans des conditions très difficiles. 20 000 sont dans les rues. Résultat ? Les plus âgés tombent dans la délinquance. Ce que dit la loi L'article 15 de la loi 90/11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail, stipule que l'âge minimum requis pour un recrutement ne peut, en aucun cas, être inférieur à 16 ans, sauf dans le cadre de contrats d'apprentissage. De plus, l'ordonnance n° 35-79 du 16 avril 1976 relative à l'enseignement et à la formation précise que l'enseignement est obligatoire et gratuit pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans révolus. Le gouvernement a également lancé en décembre 2008 «Le plan national pour l'enfance 2015». Malgré tous ces textes, la problématique de la protection de l'enfance reste posée.