Accusations - Dans un nouveau signe de tension américano-russe, Hillary Clinton a accusé la Russie de livrer des armes au régime Assad, s'attirant une rapide réplique de Moscou qui a mis en cause l'aide financière étrangère et les livraisons d'armes aux rebelles dans le massacre de Houla. Les dirigeants internationaux ont exprimé de fortes craintes hier que la Syrie ne sombre dans une guerre civile totale sans parvenir toutefois à se mettre d'accord sur la façon de stopper la spirale sans fin des violences qui a encore fait 45 morts hier. Avec plus de 13 400 morts depuis le début le 15 mars 2011 de la révolte selon une ONG syrienne, les positions diamétralement opposées des protagonistes et des divisions toujours profondes au sein de la communauté internationale, rien ne laisse présager une issue rapide à la crise. Les violences, ajoutées à l'inaction des grandes puissances, compromettent le cessez-le-feu et le plan de paix négocié par l'envoyé spécial international Kofi Annan, une initiative appuyée par le Conseil de sécurité de l'ONU mais restée lettre morte sur le terrain. «Aujourd'hui, nous voyons des éléments précurseurs d'une guerre civile. C'est extrêmement dangereux», a déclaré à Berlin le président russe Vladimir Poutine, allié indéfectible du régime Assad, tout en jugeant impossible de résoudre la crise «par la force». Avec la chancelière allemande Angela Merkel qui a souligné la nécessité de «tout faire pour éviter la guerre civile», M. Poutine s'est prononcé en faveur d'une «solution politique» et a nié toute livraison d'armes à la Syrie utilisables dans une guerre. Par ailleurs, des divergences entre Français et Russes sont apparues à Paris, où M. Poutine s'est rendu après Berlin. Le président François Hollande a estimé qu'il n'y avait «pas de solution possible» en Syrie sans «le départ de Bachar Al-Assad», appelant à des sanctions contre le régime et disant connaître «les risques de déstabilisation, avec les risques de guerre civile». M. Poutine a rétorqué, en mettant de nouveau en doute l'efficacité des sanctions. Et dans un nouveau signe de tension américano-russe, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a accusé la Russie de livrer des armes au régime Assad, s'attirant une rapide réplique de Moscou qui a mis en cause l'aide financière étrangère et les livraisons d'armes aux rebelles dans le massacre de Houla. La Russie et la Chine ont par ailleurs bloqué au Conseil de sécurité des résolutions occidentales contre le régime de Damas qui ne reconnaît pas la contestation en l'assimilant à du terrorisme. Le chef de la diplomatie britannique William Hague a, lui, prévenu que la Syrie était «au bord d'une guerre civile totale», après des entretiens à Istanbul avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui avait lui mis en garde contre le risque d'une «guerre civile catastrophique». La Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a appelé de Genève la communauté internationale «à appuyer de tout son poids le plan» Annan afin d'éviter un «conflit total» qui ferait courir à la Syrie et la région dans son ensemble un «grave danger».