InfoSoir : Quel est l'apport de la radio dans l'évolution de la musique amazighe ? Mohamed Bederdine : La radio a permis à la musique et à la chanson amazighes de sortir du conclave réduit dans un niveau de communication traditionnelle, à celui de communication moderne. Et ce, à travers des programmes radio et une très large diffusion de masse qui atteint des centaines de milliers d'auditeurs. La radio a accompagné la chanson comme elle a accompagné la langue. Elle a été le seul terrain d'expression et d'exercice de la langue, de la communication et de la chanson pendant plus d'un demi-siècle. Il a fallu attendre les années 90, pour voir des flashs et des résumés en amazigh à la télévision. La langue et la culture amazighes sont beaucoup plus une culture orale. Elle a trouvé dans la radio, le terrain propice pour son épanouissement. Ni l'écrit ni les autres formes de communication ne sont développés. La radio était l'outil de communication le plus adéquat pour l'exercice et le développement de la culture et la chanson amazighes. Et la Chaîne II ? La radio Chaîne II était seule sur le terrain pour contribuer et aider à la promotion et au développement de la langue et de la culture amazighes. Elle s'est ouverte à d'autres variantes linguistiques et culturel-les. A savoir, le chaoui, le chenoui, le mozabite et le targui en l'occurrence, dans les années 2000. La radio algérienne a ouvert ses portes aux spécificités culturelles régionales et les variantes amazighes. Elle ne cesse de le faire aussi avec les radios régionales qui sont en train de faire un travail de proximité très important, sur la culture et le patrimoine local. Justement, chaque région est aujourd'hui, dotée d'une radio... Nous sommes contents de signaler qu'actuellement, les programmes amazighs sont assurés par une vingtaine de chaînes ; la Chaîne II comme Chaîne nationale et des chaînes thématiques. Et près de 17 radios régionales diffusent des programmes en tamazight. La liste sera prochainement élargie à la radio de Boumerdès et à la radio jeune qui va s'ouvrir incessamment. Quel est le volume horaire consacré à cette fin ? La chanson est une matière incontournable pour le fonctionnement de la radio et l'élaboration d'un programme. La radio algérienne, à travers la Chaîne II comme chaîne généraliste, consacre un temps non négligeable à la chanson et au divertissement. Actuellement, nous avons enregistré un volume horaire de 28 000 heures de programmes en tamazight, diffusés par la radio algérienne chaque année. Une nette progression par rapport au volume horaire qui était assuré auparavant. Y a-t-il des projets de la radio ? La radio projette de faire un peu plus sur le plan quantitatif et qualitatif dans l'intérêt de préserver l'identité nationale avec toute sa diversité et d'enrichir les programmes qui sont conçus avant et après tout, aux auditeurs partout dans le pays. Il faut que chacun se retrouve et que la diversité culturelle et linguistique que nous visons dans notre quotidien, se reflète sur les ondes de la radio algérienne. La radio algérienne est déterminée à aller de l'avant. Lors de la conférence des cadres tenue à Khenchela, les 23 et 24 juin, l'année dernière, il y a eu toute une série de recommandations visant à la promotion et au développement des programmes en tamazight. *Assistant du directeur général, chargé de la promotion de l'identité nationale au sein de la radio algérienne.