Election - Un mois après l'élection de François Hollande, la gauche française semble bien placée pour remporter les législatives des 10 et 17 juin avec un autre enjeu pour le Parti socialiste, la majorité absolue. Cela lui donnerait en effet les coudées franches pour réaliser ses engagements de campagne. Selon les sondages, les Français devraient donner "une majorité au changement", comme le réclame le slogan de campagne du Parti socialiste (PS), et confirmer leur choix de la présidentielle remportée le 6 mai par François Hollande avec 51,6% des voix. La gauche parlementaire - PS, écologistes, Front de gauche (gauche radicale) - est créditée d'environ 45% des voix contre 35% à la droite et 15% au Front national (extrême droite). Du fait du mode de scrutin, majoritaire à deux tours dans chacune des 577 circonscriptions, cela donnerait une majorité à la gauche à l'Assemblée nationale de 300 à 350 élus. Depuis son élection, le premier président socialiste depuis 17 ans s'est contenté de mesures symboliques et surtout très populaires: limitation des rémunérations des patrons des entreprises publiques et des ministres, encadrement des loyers, retour à la retraite à 60 ans pour certains salariés, volonté de réorienter l'Europe vers la croissance. Après le retrait de Nicolas Sarkozy, la droite elle-même ne semble pas se placer dans une perspective de victoire et de cohabitation avec le président socialiste. Ses leaders, l'ancien Premier ministre François Fillon, l'ex-chef de la diplomatie Alain Juppé et le secrétaire général du parti de droite UMP Jean-François Copé se projettent davantage dans la conquête du leadership de leur camp en vue de la présidentielle de 2017. Pour limiter la défaite, ils cherchent à mobiliser leur électorat en alertant sur les "hausses d'impôts massives" que préparerait la gauche pour financer un programme "irresponsable" en pleine crise de la zone euro. De fait, les mesures les plus délicates du nouveau pouvoir, notamment sur la réduction des déficits, suivront les législatives. S'ils partent favoris, les socialistes ne sont pas pour autant assurés d'obtenir à eux seuls la "majorité large et cohérente" réclamée par François Hollande. Ils devront peut-être s'appuyer sur leurs alliés écologistes, partie prenante du gouvernement, qui devraient remporter de 15 à 25 sièges. Pour faire passer ses réformes à l'Assemblée, l'exécutif espère surtout ne pas dépendre du Front de gauche qui pourrait aussi obtenir de 15 à 25 élus grâce à la bonne implantation du Parti communiste dans certains départements. La clé du scrutin sera dans le degré de mobilisation des électeurs, dont environ 60% seulement pourraient se déplacer au lieu de 80% le 6 mai. Ce taux de participation aura un impact direct sur l'influence du Front national (FN, extrême droite) qui devrait confirmer le bon score de Marine Le Pen (17,9%) à la présidentielle. Absent de l'Assemblée sortante, le FN espère obtenir quelques élus dans ses places fortes du sud-est ou du nord, ce qui sera difficile du fait du mode de scrutin majoritaire qui lui fait payer son isolement.