L'Euro-2012, une des grandes fêtes du football et le premier gros événement sportif qu'organisent conjointement la Pologne et l'Ukraine, a débuté vendredi en fanfare avec notamment cette large victoire de la Russie face à la Tchéquie (4-1), alors qu'en match d'ouverture, l'un des pays hôte, la Pologne, a été tenu en échec par la Grèce (1-1). Cette entrée en matière a déjà ravi les férus de la balle ronde et les spécialistes, qui ont même de grain à moudre avec l'arbitrage de l'Espagnol Carlos Velasco Carballo qui a eu la main lourde en expulsant le joueur grec Sokratis Papastathopoulos peu avant la pause pour deux fautes consécutives peu évidentes, surtout la seconde, alors qu'il aurait pu faire prévaloir l'esprit. Certains parleront même de premier scandale de l'Euro, si on rajoute le second but grec refusé pour une position de hors-jeu imaginaire que les caméras, sur «instruction» de Michel Platini, patron de l'UEFA, n'ont pas repassé pour éviter la polémique. Mais le risque d'un vrai scandale, c'est celui qui hante toute l'Europe : le racisme. Ce fléau, cette bêtise humaine dont les stades de Pologne et d'Ukraine sont les fiefs depuis des années, même si les organisateurs rassurent que ce phénomène est partout et n'est pas l'apanage de certains pays de l'Est, souvent montrés du doigt. Sauf que l'alerte est déjà donnée, mercredi, lors de la séance d'entraînement public de la sélection des Pays-Bas à Cracovie où des cris de singe proférés par des spectateurs ont été entendus. Du coup, le capitaine Mark Van Bommel et ses coéquipiers brandirent la menace de quitter la pelouse en cas de nouveaux actes racistes. Les autres sélections ne sont pas en reste, à l'image de l'Italie dont le sélectionneur Cesare Prandelli a expliqué en conférence de presse que si cela arrivait à Mario Balotelli, le joueur de couleur de la Squadra Azzura, c'est tout le banc qui viendrait sur la pelouse pour dénoncer l'attitude des idiots du stade. Cette attitude intervient au moment où l'UEFA, consciente de la montée du nationalisme en Europe avec des relents de racisme, a prévenu qu'en cas d'incident, les arbitres avaient la latitude d'arrêter temporairement la rencontre et pouvaient même en siffler définitivement la fin en cas de récidive. C'est dire l'inquiétude qui plane sur les terrains de Pologne et d'Ukraine, après la première polémique née de ce qui s'est passé avec la sélection des Pays-Bas. Le football est ainsi confronté à plusieurs et terribles fléaux, tels que la corruption et le racisme, et l'Euro-2012 sera certainement à l'épreuve du second phénomène, ce qui explique d'ailleurs pourquoi la ville de Cracovie n'a pas été retenue à cause de ce mal polonais qu'est le hooliganisme et ce qui va avec. La ville du derby des «couteaux» entre les supporters du Wisla et de Cracovia a connu à une certaine époque des affrontements parfois mortels. Aujourd'hui, le problème de hooliganisme a baissé, mais les manifestations racistes ont repris le relais. Les joueurs africains ou brésiliens de couleurs sont tout le temps humiliés par des cris de singe, et dire qu'il y a eu Auschwitz ! Un vécu qui a fait naître le sentiment contraire de ce qui devait être. Et les prochaines sorties de joueurs de couleur, comme celle de l'Italien Balotelli sera surveillée comme le lait sur le feu, surtout après les déclarations de l'ancien capitaine de l'équipe d'Angleterre Sol Campbell accusant les deux pays organisateurs d'abriter des gangs de hooligans ou de néonazis s'attaquant à certaines minorités. Platini, lui, et pour apaiser la situation, a relativisé en déclarant que beaucoup de pays y sont confrontés. Tiens, pour la petite histoire, samedi dernier à Blida, des imbéciles du stade Mustapha-Tchaker ont proféré les mêmes cris de singe à l'encontre des joueurs du Rwanda dont l'hymne a été sifflé, en terre ... d'Islam. Sans commentaires.