Le Feliv est devenu une tradition qui revient chaque année. Pourtant de par son appellation même de Festival de la littérature de la jeunesse, il a pris des proportions plus «adultes» si l'on ose écrire, de par la qualité des invités, tous d'augustes écrivains et, s'il se peut qu'on évoque les livres pour la jeunesse, il sera surtout question de littérature tout court. Et on ne peut faire la fine bouche par ces temps de disette culturelle où toute manifestation est bonne à prendre. Fût-il considérer ce Feliv comme un prétexte à une rencontre de littérateurs et de romanciers ? Assurément, si l'on considère les éditions précédentes largement marquées par des cycles de débats et de conférences Mais en outre, il y a aussi une présence concrète de la littérature de jeunesse, avec une part belle faite aux bandes dessinées et aux livres accessibles aux adolescents. Mais le débat principal devrait tourner autour de la lecture devenue très accessoire pour ne pas dire facultative dans les établissements scolaires. L'intrusion de l'Internet a relégué le livre à sa portion la plus insignifiante et le jeune fait du copier-coller là où il devrait déchiffrer des textes, des romans et des contes. Mais est-ce vraiment sa faute ? La tradition de lecture s'est perdue et la littérature enseignée dans les lycées et collèges est plus puisée dans les textes à caractère scientifique ou environnemental que strictement littéraire. On donne volontiers des textes sur la reproduction des tortues ou la pollution atmosphérique en guise de devoir de français que des extraits de romans ou des poèmes. Il fut un temps lointain où les lycéens étaient tenus de remettre une fiche de lecture d'un roman de leur choix qu'ils devaient obligatoirement lire pendant les vacances. Pourquoi donc cette désaffection de la lecture ? D'abord le désintérêt manifeste pour la littérature, ensuite les prix exorbitants pratiqués en librairie qui dissuadent tout éventuel lecteur. Même ce Feliv censé réconcilier les jeunes avec la littérature propose des ouvrages hors de prix. Parce que les exposants considèrent que c'est là une occasion idoine pour vendre leurs marchandises, en consentant cependant des rabais insignifiants. A quand une politique de soutien du livre, au même titre que le lait et le pain? Enfin, de quoi je me mêle? Khelli l'bir beghtah. Rabah Khazini