Nous sommes rassurés : pendant le ramadan, le marché sera bien approvisionné, nous dit-on et les citoyens pourront donc faire leur marché à l'envi. Nous avions reçu les mêmes assurances l'année dernière en pareille période, particulièrement au sujet des viandes d'importation dont 10 000 tonnes seront importées en prévision du mois sacré. Comme quoi, ce produit très prisé durant le mois de jeûne sera largement disponible. Sauf que connaissant le budget très limité de la majorité des ménages, il y a fort à parier que la viande ne risque pas de connaître de pénurie, à supposer qu'elle en ait connu une par le passé. A cause des tarifs exorbitants pratiqués par les bouchers, cet aliment est acheté avec parcimonie et même la viande congelée n'est pas à la portée de toutes les bourses. Cependant, il convient de se poser la question de savoir pourquoi les pouvoirs publics prennent le taureau par les cornes, spécialement en cette période qui précède le ramadan ? Faut-il comprendre que le reste de l'année, la consommation de viande doit devenir accessoire, voire facultative ? Dans les faits, la réponse est assurément affirmative et, hormis la «boulimie» de l'Aïd El Adha, les Algériens sont devenus des végétariens par nécessité. Pourtant, le cheptel est évalué à des millions de têtes, de quoi satisfaire largement les besoins de toute la population et à des prix abordables. Mais ce sont tous les intermédiaires, dont les fameux maquignons – qui sont à la viande ce que les mandataires sont aux fruits et légumes – qui dérégulent le marché pour reprendre un terme en vogue. Leur maîtrise et leur parasitage du marché de la viande sont tels qu'elle ne cesse de subir une insoutenable inflation. Alors on importe pour prétendument contrecarrer les desseins spéculatifs de ces relais, mais ce n'est qu'une solution provisoire qui n'aura plus cours quand la principale richesse du pays, à savoir les hydrocarbures s'épuiseront. Et il faudra entreprendre, innover, développer une économie d'élevage efficiente. A condition de l'emporter sur les lobbies de l'argent. Mais cela, c'est une autre histoire. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah. Rabah Khazini