Résumé de la 1re partie n C'est en Egypte que Charles déclare son amour à Sophia Leonidès... Elle reçut cette déclaration sans ciller. Elle continuait à fumer, sans me regarder. Un instant, l'idée me tourmenta que peut-être, elle ne m'avait pas compris. — Je suis bien résolu, repris-je, à ne pas vous demander maintenant de devenir ma femme. Ce serait stupide. D'abord parce que vous pourriez me répondre non, de sorte que je m'en irais très malheureux et capable, par dépit, de lier mon sort à celui de quelque créature impossible. Ensuite, parce que, si vous me disiez oui, je ne vois pas bien ce que nous pourrions faire. Nous marier tout de suite et nous séparer demain ? Nous fiancer et commencer à nous attendre mutuellement pendant on ne sait combien de temps ? C'est quelque chose que je ne pourrais supporter. Je ne veux pas, si vous rencontrez quelqu'un d'autre, que vous puissiez vous considérer comme tenue par un engagement envers moi. Nous vivons une époque de fièvre. On se marie très vite et on divorce de même. Je veux que vous rentriez chez vous, libre, indépendante, que vous regardiez autour de vous pour voir ce que sera le monde d'après-guerre et que vous preniez votre temps pour décider ensuite de ce que vous lui demanderez. Si nous devons nous marier, vous et moi, il faut que ce soit pour toujours ! Un autre mariage, je n'en ai que faire ! — Moi non plus ! — Mais cela dit, je tiens à ce que vous soyez au courant des... des sentiments que j'ai pour vous ! Elle murmura : — Sans que vous mettiez, dans leur expression, un lyrisme hors de saison. — Mais vous ne comprenez donc pas ? Vous ne voyez donc pas que je fais tout ce que je peux pour ne pas vous dire que je vous aime et... Elle m'interrompit. — J'ai parfaitement compris, Charles, et votre façon comique de présenter les choses m'est très sympathique. Quand vous rentrerez en Angleterre, venez me voir, si vous êtes toujours dans les mêmes dispositions... Ce fut à mon tour de lui couper la parole. — Là-dessus, il n'y a pas de doute ! — Il ne faut jamais rien affirmer, Charles ! Il suffit de si peu de chose pour bouleverser les plus beaux projets ! Et puis, que savez-vous de moi ? Presque rien. Ce n'est pas vrai ? — Je ne connais même pas votre adresse en Angleterre. — J'habite Swinly Dean... Je hochai la tête, indiquant par là que je n'ignorais pas ce lointain faubourg de Londres, qui tire un juste orgueil de trois excellents terrains de golf, fréquentés par les financiers de la Cité. Elle ajouta, d'une voix rêveuse : — Dans une petite maison biscornue... A suivre Agatha Christie