Résumé de la 3e partie n Fou de rage en découvrant son chien mort, Charnay prend en chasse Marc qui court comme un dératé. La route ne doit plus être très loin, et du même coup sa voiture, sa petite Dauphine qui va peut-être lui sauver la vie. Tout n'est pas perdu. Sans ralentir la course, il sort de sa poche la clé de contact. La voiture n'est plus qu'à cent mètres. Marc a presque oublié Charnay. Charnay, lui, ne l'a pas oublié. Il s'était caché derrière la Dauphine et attendait son heure. Il met en joue... Un coup de feu, et pour Marc, c'est une douleur terrible dans l'épaule et une partie du cou. Sonné, il a quand même le réflexe de sauter dans le fossé. Sa chute est amortie par la boue et les feuilles. Rampant sur le talus, il se relève à moitié pour se jeter dans des fougères. La douleur le mord profondément. Il y a encore deux cartouches. C'est plus qu'il n'en faut pour l'achever. «Non ! se dit Marc, ce n'est pas possible ! » Charnay renifle, crache, puis il entre à son tour dans les fougères où il s'immobilise. Comme un animal traqué, Marc est tapi au sol. «C'est fini, pense-t-il, ce salaud a trop de réflexe. Je suis cuit.» Mais alors une idée lui vient – une idée complètement folle ! C'est le mot «réflexe» qui l'a fait réagir. Evitant de faire le moindre bruit, Marc ouvre sa gibecière, en sort délicatement la poule faisane qu'il avait oubliée. Après plusieurs secondes de concentration, le jeune homme joue le tout pour le tout. Il lance l'oiseau en l'air de toutes ses forces. Les réflexes du chasseur fonctionnent. Charnay pointe sur l'animal et tire. La décharge atteint la carcasse de plein fouet déviant sa trajectoire. «Plus qu'une cartouche !» se dit Marc qui a profité de la diversion pour détaler vers la voiture. La Dauphine est à quelques mètres, Marc déploie ses dernières forces ; mais Charnay a compris la manœuvre et se met en position. Parvenu à son but, le jeune homme tente de déverrouiller la portière, mai il tremble tellement qu'il ne parvient pas à mettre la clé dans la serrure. Trop tard : Charnay l'a mis en joue, il appuie sur la détente. Marc s'aplatit au sol comme un poids mort. Les plombs viennent cribler le pare-brise, rebondissant dans tous les sens. Marc est sain et sauf, mais il ne bouge pas. — C'est bon ! lui crie Charnay. Nous sommes quittes ! Marc se met à genoux pour vomir ; puis il se relève, ouvre enfin sa portière, s'assied tant bien que mal au volant et démarre sans demander son reste. Le gros homme le regarde s'enfuir d'un œil placide. — Piètre chasseur, dit-il, mais gibier acceptable. Et c'est un connaisseur qui parle ! Pierre Bellemare