Onde de choc La Maison-Blanche avait pesé de tout son poids en faveur de ce projet à l'avenir désormais très incertain. Ce revers dans le dossier israélo-palestinien s'ajoute à la multiplication des difficultés en Irak, risquant d'aggraver un climat de plus en plus critique au Proche-Orient, mais aussi en Europe, envers la politique américaine dans cette partie du monde, estiment certains experts. Le département d'Etat américain a reconnu, hier, lundi, que ce rejet était «certainement un revers» pour le Premier ministre israélien, qui a proposé de modifier sa copie. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Richard Boucher, a toutefois assuré que les Etats-Unis «continuent de penser qu'un retrait de Gaza peut représenter une chance», et relevé qu'une vaste partie de la population israélienne était d'accord avec ce projet. Un haut responsable américain s'adressant à quelques journalistes sous le couvert de l'anonymat, lundi soir, a souligné que les Etats-Unis allaient continuer à soutenir le plan de Sharon, «s'il reste d'actualité» après son rejet par le Likoud. Deux échéances pourraient désormais amener Washington, dans les prochains jours, à formuler plus clairement ses vues. La première aura lieu ce mardi, avec une réunion à New York du «quartette» international sur le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Union européenne, Russie), à laquelle participera le secrétaire d'Etat, Colin Powell. La seconde sera la venue à la Maison-Blanche du roi de Jordanie Abdallah II, reportée il y a une quinzaine de jours en raison du soutien de Bush au plan Sharon. Washington a indiqué que cette visite aurait finalement lieu jeudi. De nombreux journaux américains estimaient, lundi, que la déroute de Sharon rejaillissait également sur Bush. «Le Likoud a porté un coup dimanche à la politique pour le Proche-Orient du président Bush qui pouvait difficilement se le permettre après un mois de déboires», allusion aux graves difficultés rencontrées en Irak, estimait le Los Angeles Times. «Avoir misé sur Sharon peut causer du tort à Bush», affirmait le Washington Post, en estimant que le rejet du plan porte un coup à «la crédibilité américaine». Pour Henry Siegman, du Council on Foreign Relations (CFR), un centre d'études new-yorkais, cet échec risque de conforter l'administration Bush dans une politique d'engagement minimum dans le règlement du conflit israélo-palestinien. L'impasse de plus en plus prononcée dans le conflit israélo-palestinien risque aussi de relancer le ressentiment contre les Etats-Unis dans le monde arabe, déjà avivé par la situation en Irak.