Rencontre n Le coup d'envoi de la 5e édition du Festival international de diwan a été donné, hier, au théâtre de verdure Saïd-Mekbel au Bois des Arcades (Riad-el-feth). La soirée inaugurale a été marquée par le passage sur scène de Samira Brahmia qui a ouvert le bal en solo, avant d'être rejointe par le groupe Fanfaraï qui se produisait pour la première fois en Algérie. Evoluant dans une musique éclectique, voire métissée, confrontant au raï d'autres musiques, il a gratifié le public d'une interprétation admirable et accrocheuse. Il s'agissait d'un jeu festif, chaleureux, rayonnant et transpirant d'une bonne humeur communicative. C'était un jeu truculent, voire pittoresque. Il a repris les grands classiques de la musique algérienne, du raï à l'andalou en passant par le chaâbi et la musique kabyle. Ainsi, Fanfaraï réinterprète les musiques du Maghreb, notamment algériennes en les assaisonnant d'épices latines et jazz ou encore afro-cubaines ou tziganes. L'originalité de cette formation, c'est qu'elle joue de la musique algérienne à travers la fanfare. A sa manière, Fanfaraï tient, à travers cette expérience typique où le jeu était à la fois entraînant et audacieux, à renouer avec la tradition de ces orchestres de rue qui animaient les événements importants et les rituels dans le Maghreb du début du siècle. Plus tard, place au maître de la kora, qu'est Ba Cissoko. C'est en seconde partie de la soirée qu'il entre en scène pour un périple coloré dans l'univers musical des griots. Sa musique qu'il a partagée avec le public est une rencontre entre la tradition et la modernité. Il s'agissait d'une tradition revisitée, voire modernisée par des arrangements de folk, de groove et de funk. Le public s'est abreuvé d'une musique privilégiant la fusion. Ba Cissoko, qualifié de marabout de la musique africaine moderne, passe toutes les influences, tous les styles au tamis des cordes de sa kora. Avec cet instrument ancestral, il tisse avec un talent de conteur africain, une trame musicale harmonieuse, apaisante et chargée de mélodie. Ba Cissoko tient à démontrer avec son jeu musical qu'il y a une autre manière de jouer de la musique africaine en associant des instruments traditionnels aux sonorités modernes. Il a effectivement du talent et de l'imagination. Et il passe avec aisance d'un registre à l'autre. Ainsi, Ba Cissoko se distingue dans un imaginaire musical à part entière, abouti, illustré et soigné. Un imaginaire à forte charge émotionnelle. Yacine Idjer