Réalité n Vivre plus longtemps se conjugue rarement avec les facteurs de bonne santé et celui de bien profiter de la vie jusqu'à la fin de ses jours. Si l'espérance de vie qui ne dépassait guère, au lendemain de l'indépendance, 52 ans chez la femme et 48 ans chez l'homme, a évolué de près de 25 ans, les conditions de fin de vie peinent à suivre cet optimisme lié à ces quelques années gagnées dans la vie des Algériens. Les pouvoirs publics se targuent d'avoir atteint ce seuil de l'espérance de vie, qui est constamment mis en avant comme pour occulter le quotidien souvent difficile du 3e âge. Mais que vaut une vie longue avec une incapacité si ce n'est de mourir à petit feu ? Et à quoi bon mener les Algériens à une vie plus longue sans mettre à leur disposition les moyens nécessaires de bien vieillir ? Car maintenir la vie et en profiter nécessitent une prise en charge pluridisciplinaire et intersectorielle, ce que nous n'avons pas aujourd'hui. Ce dysfonctionnement récurrent à tous les niveaux a généré un déséquilibre accru à la lecture des données rendues publiques par certaines ONG et des professionnels de la santé. 54,18 % des personnes âgées meurent de maladies non transmissibles et 12,99% suite à la violence, selon une étude de l'OMS en 2002. La considération et le respect dont nous sommes redevables envers nos aînés imposent l'institution, en premier lieu, de spécialités à même de soulager les patients âgés de toutes ces maladies chroniques gênantes. Il y a donc urgence à former des médecins spécialisés en gériatrie et de mettre en place des services de gériatrie crie haut et fort le professeur Moussa Arrada, chef de service de médecine interne à l'hôpital Mustapha. Mais vieillir en bonne santé c'est aussi synonyme de prévention contre certaines pathologies dont les maladies cardiovasculaires qui touchent 27,06 % des personnes âgées. Ce volet va de paire avec l'activité physique et la bonne alimentation qui doit être équilibrée et diversifiée pour préserver la santé d'une population estimée à 2,5 millions de personnes. Des mesures indispensables pour tout ce beau monde pour appréhender en beauté cet âge si vulnérable. Cette fin de vie si désirée ne semble malheureusement pas prendre cette trajectoire pour beaucoup d'entre eux. Misère sociale, violence, bureaucratie, manque d'assistance et d'accompagnement, ainsi que l'aide aux soins personnels figurent parmi les plus importants problèmes que rencontrent nos aînés. Les besoins sont donc énormes mais le personnel formé est presque inexistant d'où l'appel de certaines associations à la réhabilitation du poste d'assistante sociale dans les communes. Elle est la seule à pouvoir recenser les doléances de cette catégorie dont le nombre est en constance progression, plaident-elles. Le taux de personnes âgées a atteint, en 2010, les 7,74 % de la population globale. Il atteindra les 9 millions à l'horizon 2040, selon les derniers pronostics. La légende de l'Algérie pays jeune s'avère ainsi dépassée d'où l'importance de voir la personne âgée d'un autre œil. Le problème se pose notamment en termes d'assistance et de protection pour les couples qui veulent rester autonomes et refusent de rejoindre leurs enfants. L'absence de prise en charge médicale, paramédicale et aide ménagère à domicile est très contraignante pour ces couples de plus en plus nombreux. Assia Boucetta