Métissage - Le Festival international de la musique diwan, dans sa 5e édition, a pris fin hier au théâtre de verdure Saïd-Mekbel du Bois-des-Arcades (Office Riad el-Feth). La soirée de clôture, dédiée à la musique africaine, a été marquée par le passage sur scène de Tony Allen, qui, accompagné de sa troupe «Black séries», a invité le corps à bouger. En effet, le public s'est prêté à la musique du maître de l'afrobeat (style issu des rythmes traditionnels africains et fortement imprégné de funk, jazz et de highlife). Tony Allen, conjuguant son jeu au pluriel, a dispensé au public une remarquable prestation. La musique dans laquelle l'artiste s'est illustré est nourrie de rythmiques éclectiques (funk, disco...), le tout dans une sauce maison, c'est-à-dire de tradition africaine. Sa musique s'opère selon les rites ancestraux. Elle est fidèle en conséquence à l'authenticité, mais en même temps elle se greffe harmonieusement à des pans de la musique moderne. Elle puise son inspiration dans les différents cultures musicales. En d'autres termes, Tony Allen, une spiritualité mise en sons et en scène, est un artiste qui n'est jamais à court d'idées, donc d'inspiration. Il compose avec son héritage culturel, mais également avec ses nombreuses pérégrinations et autres rencontres qui l'ont mené sur les plus grandes scènes et amené à côtoyer les plus grands artistes. Il a donc proposé au public venu nombreux un répertoire riche et varié. C'était un véritable métissage musical. Force est de constater que son jeu musical est basé également sur l'improvisation. Cela lui confère du tempérament et de l'intensité. Tony Allen a ensuite cédé la scène à Manu Dibango (artiste de talent et d'une notoriété internationale) et ses musiciens qui ont fait leur entrée sur des morceaux proches du coupé-décalé ivoirien. Le jeu de Manu Dibango est soutenu par le saxophone, son instrument favori. En proposant une musique africaine, à la fois authentique et inspirée, mais délibérément renforcée et nourrie par diverses influences, à l'exemple du jazz, Manu Dibango a montré qu'il pouvait encore, après plus de soixante ans de scène, éblouir et enflammer son public. Et c'était d'ailleurs le cas. La musique par laquelle Manu Dibango s'est illustré est en soi une évidence. Elle respire la joie de vivre et ne laisse personne indifférent. Le public a été entraîné dans une ambiance euphorique en se prêtant à la musique de Manu Dibango qui flirte avec les véritables accents africains. La musique se présente comme un périple étonnant : il s'agit d'un voyage à la fois en Afrique et à travers diverses influences musicales. Par elle, le public s'en va à la découverte du monde. Cette même musique paraît pour le public qui s'en est profondément imprégné, pareille à des retrouvailles avec le continent noir et la rencontre avec d'autres styles de musique. Notons qu'une semaine durant, du 8 au 14 juillet, la scène du festival a accueilli les lauréats du concours du Festival national de la musique diwan algérienne et du gnaoui marocain, représenté par le maâllem, Hassen Boussou, et le jeune groupe, Ouled el-Hal. Des artistes venus de six pays africains ont enrichi la programmation artistique du festival avec des répertoires de world music inspirés du patrimoine musical de chaque pays.