La violence est décidément devenue le moyen d'expression favori des jeunes algériens. Ils y recourent de plus en plus facilement pour régler un différend ou lever un malentendu, même le plus anodin. Un phénomène inquiétant sur lequel devraient se pencher sociologues et psychologues. Tout a commencé par une rixe ayant opposé de jeunes excités. Alors que les commerçants s'apprêtaient à ranger leurs étals, juste avant le f'tour, deux groupes de jeunes de quartiers différents, armés d'armes blanches, de gourdins et de sabres déclenchent une bataille rangée pour des raisons jusque-là inconnues. Plusieurs blessés ont été enregistrés dans les deux camps. L'intervention des gendarmes des brigades de Cherarba et de Sidi Moussa a conduit à l'arrestation de cinq personnes pour port d'armes prohibées, coups et blessures volontaires, rixes et destruction de biens publics. Un dispositif impressionnant a été déployé après la rupture du jeûne de peur que les jeunes des deux quartiers ne récidivent. Ce dispositif était visible encore hier alors qu'une enquête a été ouverte par la brigade de Gendarmerie nationale de Cherarba pour identifier les personnes impliquées dans cette bataille qui a causé d'énormes dégâts et semé la terreur dans cette localité. Par ailleurs, à Khemis El-Khechna, au sud-ouest de Boumerdès, une altercation entre deux familles, dans la nuit de dimanche, a débouché sur une bagarre généralisée et le saccage de la polyclinique. «L'altercation à l'extérieur entre ces deux familles, mettant aux prises quelque 200 personnes, s'est poursuivie dans la cour de la polyclinique où furent évacués des blessés des deux camps, et a débouché sur le saccage de l'édifice et de ses équipements», a indiqué à l'APS le directeur de la santé et de la population, Mekki Tayeb, sans expliquer les raisons ayant amené à l'acte de saccage de la polyclinique. M. Mekki, qui a estimé les dégâts à environ trois millions de dinars, a cependant relevé qu'aucun blessé n'a été déploré parmi le personnel médical, précisant qu'il a fallu l'intervention des forces de l'ordre pour mettre un terme à cette altercation. Suite à cet incident, une plainte contre «x» a été déposée par la DSP, a indiqué son responsable. Il est clair que le phénomène de la violence prend une ampleur inquiétante. A cet effet, il y a lieu de rappeler la dernière bataille de ce genre qui a coûté la vie à un jeune garçon de 14 ans, atteint mortellement par une arme blanche lors d'une bagarre qui avait opposé les jeunes des cités La Fontaine et Laâqiba. Djallal, qui était de passage ce jour-là, a reçu un projectile au moyen des «signaux» utilisés par les marins et qui l'a plongé dans un coma profond pendant plusieurs jours avant de succomber. 7 autres personnes ont été blessées ce jour-là. Une autre bagarre a viré à l'émeute à Oued Smar suite à une rixe entre deux jeunes du quartier. Quatorze individus ont été arrêtés. Après une légère accalmie à la cité des 1600-Logements, les récidivistes, des dealers, ont tenté de semer la terreur dès le premier jour du ramadan. D'autres scènes similaires ont été enregistrées cette année notamment à Gué de Constantine, Baraki, Douéra. L'on assiste à une multiplication de rixes entre bandes rivales, des batailles rangées entre tribus et même des altercations familiales mortelles. Ce dangereux phénomène n'est pas uniquement l'apanage de la capitale, mais il s'est propagé à l'intérieur du pays. A Bouira, MostaganemConstantine... A Bouira, de violents affrontements ont éclaté, dans la soirée de samedi dernier, entre de jeunes vendeurs à la sauvette et des habitants du quartier Aïn Bouaakez, sis au centre-ville d'Aïn Bessam, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Bouira. Trois jeunes citoyens ont été poignardés au cours de ces échauffourées qui ont plongé cette commune dans le désarroi, en plein mois de ramadan. Selon des témoignages, tout a commencé lorsque des riverains, excédés par l'anarchie qui règne dans leur quartier, ont exigé le départ immédiat des jeunes vendeurs de la principale rue qu'ils ont squattée dès le début du mois sacré pour écouler leurs marchandises. Par ailleurs, à Mostaganem, le quartier El Graba est devenu durant ce mois de jeûne le fief des malfrats. Un climat d'insécurité y règne ces jours-ci et les agressions sont devenues monnaie courante notamment durant les dernières heures de la journée avant la rupture du jeun. Pour dénoncer ce phénomène, un citoyen est allé jusqu'à faire irruption samedi dernier aux environ de 15 heures à la maison de la presse pour dénoncer devant un parterre de journalistes une bataille rangée à coup de sabres d'armes blanches et de gourdins entre des individus qui ont semé une véritable panique devant la coupole et la station 17 ou se concentre un grand nombre de passants. Selon le citoyen abasourdi par les scènes de violence auxquelles il avait assisté, la police qui était à proximité n'était pas en mesure de disperser les belligérants. La version officielle de la police a reconnu «la dispute» sans accepter la version alarmante du citoyen. Ce phénomène a aussi contaminé les campus, ou au début de l'année, de graves incidents ont eu lieu au niveau de la cité universitaire de Zouaghi de Constantine où des étudiants ont été blessés. Des affrontements ont eu lieu entre citoyens et étudiants. Résultats: tous les bus assurant le transport universitaire stationnés sur les lieux ont été caillassés. Plusieurs étudiants ont été blessés. Le comité des résidents avait à ce sujet, entrepris des démarches auprès des autorités et toute la presse locale et nationale.