Figure - Un vibrant hommage a été rendu, mercredi, à l'acteur et dramaturge algérien, Abdelkader Alloula, lors de la quatrième journée du 45e Festival du théâtre amateur de Mostaganem. Le directeur du Théâtre régional d'Oran, Azri Ghaouti, et la veuve du défunt Raja Alloula ont animé dans la matinée une conférence sur le parcours d'un des plus illustres hommes de théâtre algérien à la maison de la culture Ould Abderahmane Kaki, tandis que l'après-midi a été l'occasion de redécouvrir son œuvre à travers la représentation de la pièce Al Mahalla par la troupe «Al Halqa» de la ville d'Oran dans le cadre de la sélection «off» du festival. Après un bref rappel biographique, Azri Ghaouti a évoqué les débuts d'Abdelkader Alloula en tant que comédien dans les années 60, où il a commencé à interpréter des «œuvres importantes du théâtre universel» comme Le songe d'une nuit d'été de Shakespeare ou encore Don Juan de Molière, puis sa première expérience en tant que metteur en scène en 1964 avec la pièce El Ghoula de Rouiched, entamant ainsi une «brillante carrière de metteur en scène» où il a su allier «judicieusement» humour et critique sociale, poursuit-il. Pour le directeur du Théâtre régional d'Oran, le début des années 1980 marque l'entrée d'Alloula dans une «longue phase d'expérimentation», caractérisée, selon lui, par le genre théâtral «El Halqa». Un genre qu'Azri Ghaouti estime être une «synthèse entre des éléments artistiques du patrimoine basé sur l'oralité et les acquis du théâtre moderne». Une orientation artistique qui a germé, selon M. Ghaouti, en 1972, dans un contexte d'«édification nationale» et d'«entreprise de décentralisation théâtrale», qui ont poussé le dramaturge dans le sens de la création collective avec la pièce El Mayda présentée dans des villages agricoles dans le cadre d'une tournée nationale. Lors de la générale de la pièce, poursuit M. Ghaouti, Alloula remarque que dans le public qui entoure les acteurs, certains tournent le dos à ces derniers, ce qui a poussé le dramaturge à épurer le décor, mais surtout à donner une plus grande importance au «mot» et au «verbe». Une expérience qui a «accéléré» le processus de réflexion artistique d'Alloula, orientée dès lors vers la figure du «Goual», estime le conférencier. Le théâtre d'Abdelkader Alloula cherchera désormais à «alterner entre représentation imagée et «goul», à travers une figure centrale puisée dans le patrimoine oral maghrébin avec des œuvres comme El litham en 1985. La présence d'un narrateur qui n'est «jamais un acteur agissant sur le cours des évènements» marque, selon M. Ghaouti, une volonté de l'auteur de «mieux toucher le réel social» du spectateur en opérant, comme l'avait fait le dramaturge allemand Brelot Brecht, une «distance critique» entre le public et l'action théâtrale. Raja Alloula a, quant à elle, abordé son travail en tant que présidente de la Fondation Alloula qui a permis de réunir près de 800 livres autour de la vie et l'œuvre de son défunt mari. Ella a, dans ce sens, évoqué son projet de constitution d'un centre de documentation et d'archives théâtrales à l'adresse des chercheurs et des jeunes comédiens.