Exemples - Lorsque la rue explose, bonjour les dégâts. Batailles rangées, rixes et morts dans des cités jadis paisibles avant l'arrivée des relogés des bidonvilles d'Alger. Pour quelles raisons ? Quels nouveaux maux devons-nous anticiper avec ces relogements ? Apparemment, le relogement seul, sans accompagnement sociologique et psychologique ne suffit pas. Il ne suffit pas de résorber la masse de frustrations et d'aigreurs vécues durant des décennies dans des situations d'insalubrité et de «mal habitat». Difficile d'expliquer autrement les multiples rixes enregistrées depuis quelques semaines dans quelques sites de relogement. Les affrontements entre anciens habitants des cités et les nouveaux relogés, souvent à l'arme blanche avec mort d'homme au moins une fois et les multiples blessés et dégâts matériels constatés sont de toute évidence d'excellents sujets de recherche pour les sociologues, psychologues et autres observateurs du comportement humain. Si le but du relogement des habitants des bidonvilles d'Alger était, entre autres, d'améliorer les conditions de vie des habitants et accessoirement de gagner la paix sociale, il semble que l'on a tout faux. En cette fin d'août, le quartier Mokhtar-Zerhouni, au lieu dit Les bananiers, non loin de Bab Ezzouar, a vécu les péripéties d'une bataille rangée qui a opposé les jeunes du quartier de la Casbah à ceux de Belcourt, relogés récemment. Armes blanches, bombes lacrymogènes et un arsenal digne du Moyen-âge ont été utilisés. Les affrontements ont fait trois blessés. Le plus absurde dans cette situation est l'origine de la querelle. Selon les témoignages sur place, un jeune a vu un autre jeune du quartier regarder en direction du balcon de sa maison. La bagarre n'a pas tardé à éclater et conséquence de la vendetta : les deux jeunes protagonistes étaient parmi les blessés graves ramassés après les affrontements. Mais le quartier Zerhouni-Mokhtar n'est pas un cas isolé. Des scénarios similaires et aussi bizarres sont signalés dans d'autres cités de relogement des anciens habitants des bidonvilles. C'est avec des youyous et des «Allah Akbar» que les habitants de la cité 1686-Logements à Birtouta, dont les relogés d'El-Harrach et d'Oued Koreich, se sont affrontés. Le motif du drame, une empoignade entre enfants au sujet d'une balançoire et qui a dégénéré en bagarre d'adultes. Mais le plus dramatique, c'est qu'on a enregistré la mort d'un homme tué à coups de poignard alors que trois autres ont été blessés. On signale aussi plusieurs voitures saccagées. La police est intervenue sur les lieux pour apaiser la tension, mais aussi pour entreprendre un travail préventif de proximité et organiser des séances de conciliation. Des événements similaires ont ébranlé Djenane-Sfari où se sont affrontés les habitants du quartier et ceux récemment relogés venant de Diar Chems. Une autre bagarre a été signalée à la cité 1200-Logements dans la commune de Tessala El-Merdja entre anciens habitants et habitants du quartier Doudou-Mokhtar relogés récemment sur ce site. La semaine dernière, c'est à Souidania que l'on a vu les habitants des lieux et des nouveaux habitants s'affronter. Il a fallu recourir aux forces de la gendarmerie pour calmer les esprits.