La puissante Fédération des travailleurs du pétrole vient de s'insurger contre la décision de la Sonatrach de financer des clubs de football en se fendant d'un communiqué où elle déclare : «Nous ne voulons pas que l'argent de la Sonatrach aille dans les poches de ceux qui ont ruiné le football national.» Cela a le mérite d'être clair. Il faut donc s'attendre à un conflit entre la Société nationale et le Syndicat au sujet des deniers destinés à renflouer les caisses de quatre clubs de football. Pour rappel, il s'agit des Mouloudias d'Alger et d'Oran, du CS Constantine ainsi que de la JS Saoura, choisis, on l'aura deviné, en fonction de leur popularité et aussi de leur emplacement géographique, représentant les quatre points cardinaux du pays. Pour rappel aussi, ces quatre clubs – à l'instar de tous les autres pensionnaires des deux Ligues – sont ce qu'il convient d'appeler des paniers percés. Ayant dépensé des sommes fabuleuses en termes de recrutement de joueurs et d'entraîneurs prétendument cotés en Bourse, les clubs de football ont lamentablement raté leur passage au professionnalisme et aujourd'hui on aborde la troisième édition de cette nouvelle forme de compétition sans aucune visibilité. Pis encore, en reconduisant les mêmes méthodes, les mêmes dirigeants qui ont «ruiné» leurs clubs selon le bon mot du syndicat des pétroliers. Aussi ce secours d'une entreprise d'Etat pour prendre en charge des clubs s'apparente à une solution provisoire, voire fausse. D'abord parce qu'elle constitue l'échec de la gestion des clubs – supposés devenir, eux aussi, des entreprises à part entière avec leurs organigrammes, leurs conseils d'administration, leurs directions technique, financière, sportive et de communication – qui ont continué à fonctionner comme des amateurs en déléguant les pouvoirs au seul président avec toutes les tares qu'on sait. Ensuite parce que les autres clubs, se sentant lésés par cette prise en charge jugée injuste, montent au créneau et menacent sérieusement de boycotter le championnat qui démarre dans quelques jours. En effet au nom de quelle logique, des clubs auraient la chance de voir constamment leurs caisses renflouées par une société nationale quand d'autres devraient se débrouiller avec les moyens du bord ? Le championnat risque donc d'être sérieusement perturbé par cette mesure qui avantage des clubs au détriment d'autres et les quatre heureux élus ont toutes les chances de dominer la saison vu les moyens colossaux mis à leur disposition. Pendant ce temps, du côté de la Fédération et du ministère, c'est le silence radio. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.