Dans un certain pays, dans un certain royaume vivait le tsar Démian avec ses trois fils : Piotr, Vassili et Ivan. Ce tsar possédait un jardin comme on n'en trouverait pas de pareil au monde, plein de fleurs rares et d'arbres précieux. Le plus précieux de tous était un pommier qui donnait des pommes d'or. Le tsar prenait grand soin de ce pommier, en comptait les pommes chaque soir, les recomptait chaque matin. Et il s'aperçut que la nuit quelqu'un saccageait son jardin : le soir une belle pomme sur la branche mûrit, et au matin, ni vu ni connu, elle a disparu ! Les gardiens n'y pouvaient rien et le tsar en perdait le boire et le manger, la paix et le sommeil. Un jour, il appela ses fils : — Ça ne peut plus durer ! A celui de vous qui découvrira et prendra notre voleur je laisserai la moitié du royaume de mon vivant et, à ma mort, il l'aura tout entier. Les fils ont juré d'attraper le voleur et c'est Piotr-tsarévitch qui, le premier , monta la garde. Il fit le tour du jardin, se coucha sur le gazon, tomba dans un sommeil profond. Quand il se réveilla, plusieurs pommes d'or manquaient. Dès son réveil, le tsar appela Piotr : — M'apportes-tu une bonne nouvelle, fils ? As-tu vu le voleur ? — Non, père ! Et pourtant, j'ai veillé toute la nuit, fouillé les taillis. Je me demande où ces pommes sont passées ! La nuit suivante, ce fut le tour de Vassili. Il regarda sous les buissons, s'assit sur le gazon, tomba dans un sommeil profond. Au matin, d'autres pommes d'or manquaient. — Alors, fils, as-tu vu le voleur ?, lui demanda le tsar. — Non, père ! J'ai guetté de mon mieux, n'ai pas fermé les yeux et je n'ai vu personne. Je n'y comprends rien ! La nuit d'après, Ivan-tsarévitch prit la garde. De peur de s'endormir, il marchait sans arrêt ; si le sommeil venait, si la fatigue le prenait, il se débarbouillait avec la rosée, reprenait sa veillée. Vers minuit, il aperçut une grande lueur qui s'approchait du jardin et, bientôt, on y vit clair comme en plein jour : l'oiseau de feu, perché sur le pommier, picorait les pommes d'or. Ivan-tsarévitch se glissa en catimini, saisit l'oiseau par la queue. Mais l'oiseau de feu se débattit si bien qu'il s'échappa, ne laissant qu'une plume dans la main du tsarévitch. Au matin ; Ivan-tsaré vitch raconta à son père quel voleur saccageait le jardin et lui montra la plume de l'oiseau de feu. Le tsar se réjouit, retrouva sommeil et appétit, d'autant plus que l'oiseau ne revint plus voler ses pommes d'or. (A suivre...)