Réalité - Dans la majeure partie des foyers où deux ou trois membres de la famille travaillent, on rechigne à se laisser dépouiller tous les jours par les affameurs et les intermédiaires en tous genres. Quel que soit le pouvoir d'achat des uns et des autres ou leur niveau de vie, tous les Algériens sont unanimes aujourd'hui sur un point : la vie est de plus en plus chère et parfois hors de prix. Prenez la pomme de terre par exemple, les consommateurs ont été scandalisés quand elle a atteint 60 DA le kg, écœurés quand elle a bondi à 100 DA. Il y a quelques semaines, à Lamter un village près de Sidi Bel Abbes, elle a été proposée à 120 DA le kg. Or, avec ces mêmes 120 DA on pouvait faire le plein de sa voiture en 1970 et se payer même le luxe de prendre un café : alors que se passe-t-il ? Pourquoi toute cette pagaille dans ces marchés ? Qui pousse au pourrissement et au tarissement des bourses ? Peu importent les explications qu'on voudra bien nous fournir à défaut de juguler l'inflation et de maîtriser les prix, mais la hausse du coût de tous les produits n'est pas faite pour encourager le bonheur dans les foyers. Le stress commence dès le matin, il faut courir de marché en marché, comparer les étiquettes, choisir le meilleur cageot, résister aux tentations des petites délicatesses. C'est pire pour ceux qui ont des voitures et du temps et qui ont la possibilité de sortir de la ville pour faire leur marché dans les villages ou non seulement les mercuriales sont les mêmes, mais la fraîcheur des produits n'est jamais garantie. Et le couffin à l'arrivée à la maison est encore plus cher avec les frais d'essence et pas plus plein. «Les paysans sont devenus très malins», disent la plupart des automobilistes déçus par ces paradis qui s'alignent désormais sur les grandes villes. Dans la majeure partie des foyers où deux ou trois membres de la famille travaillent, on rechigne à se laisser dépouiller tous les jours par les affameurs et les intermédiaires en tous genres. Le repas de midi n'est pas une obligation, chacun mange ce qu'il peut et ce qu'il trouve dans sa cuisine ou se paie un sandwich sur le pouce dehors. C'est cela aussi qui contribue au stress car la mauvaise nutrition et l'alimentation rapide ne calme que la faim. Crampes d'estomac, sommeil perturbé, le plaisir de manger cède la place à la malbouffe. La circulation interurbaine et le transport sont un autre facteur aggravant. On arrive au bureau les nerfs tendus et la gorge nouée. Pour trouver une place où garer leurs voiture, certains travailleurs habitant le littoral se lèvent aux aurores et roulent à tombeau ouvert pour rejoindre la capitale. Peut-on humainement leur demander d'être agréables ?