Matraque - Les rues de la ville sont devenues des espaces privés gérés par une foule de «parkingueurs» qui n'hésitent pas à verser dans la violence. Quand un automobiliste téméraire ose ne pas obtempérer à leurs ordres, il n'est pas toujours certain de repartir indemne. Si ce n'est pas sa voiture qui reçoit un coup, c'est lui-même qui en subit la sanction. Alger, aussi bien au centre-ville que dans la périphérie, est devenue un véritable casse-tête pour les automobilistes. «Où garer sans voir un gros-bras venir vous réclamer le paiement d'un droit qu'il s'est arrogé par la force de la matraque ?». Garer sa voiture à Alger devient un exercice risqué qui fait réfléchir mille fois tout automobiliste. Les incidents entre des citoyens et les gérants autoproclamés des parkings sont fréquents et se terminent souvent par une partie de castagne où la parole est laissée aux coups de poing et au gourdin. Plusieurs automobilistes ne manquent pas de pointer un doigt accusateur en direction des pouvoirs publics qui tolèrent cette situation. «C'est leur faute. Ils ont laissé faire et aujourd'hui, c'est devenu une situation des plus normales», dira un automobiliste. Pour lui, certains «barbouzes» de la rue ont poussé l'audace jusqu'à squatter des bouts de chaussée devant des sièges d'institutions publiques et même à proximité des commissariats de police et des brigades de gendarmerie. Une situation qui semble cependant en voie de changement. Le ministre de l'Intérieur a en effet affirmé, hier, que le prochain «chantier» des pouvoirs publics, après celui de la résorption des marchés informels, consistera à mettre un terme au phénomène des parkings sauvages. Ces parkings seront placés sous l'autorité des services de sécurité, a-t-il ajouté, soulignant l'importance de cette action qui permettra aux automobilistes de s'assurer une place pour leurs véhicules sans être à la merci de jeunes désœuvrés s'autoproclamant «gardiens». Par ailleurs, un responsable de la wilaya nous a affirmé que la circulation automobile à Alger va subir une profonde mutation. «Le plan de circulation va être révisé et nous allons revoir l'organisation de la voirie dans le centre et la périphérie de la ville. L'Etat ne peut pas tolérer ces agissements et nous allons les éradiquer par la mise en place d'un système qui permettra la création de postes d'emploi et la préservation du droit de stationnement dans les zones où il est autorisé», affirme notre interlocuteur, un responsable du service voirie de la commune d'Alger-Centre. Ce dernier précisera que les handicapés sont prioritaires et autorisés à exploiter des espaces dans le centre-ville. «Nous ne délivrons plus d'autorisations depuis près d'une dizaine d'années. L'organisation de l'exploitation des aires de stationnement était gérée par une loi qui datait de 1963. Ce texte s'inscrivait dans le cadre des attributions de la police communale, dans le cadre de l'organisation de la circulation et le stationnement dans le centre-ville a délégué la gestion d'une aire de stationnement public à un citoyen dûment mandaté, sans emploi et présentant un handicap. Nous leur procurions des badges et des brassards pour les distinguer», souligne notre interlocuteur. «Il n'y avait pas preneur» Selon un responsable du service voirie de la commune d'Alger-Centre, avec qui nous nous sommes entretenus, il était question, dans le cadre de la création de l'emploi, de céder certains espaces, pour le stationnement des véhicules à des entreprises de jeunes créées grâce à des crédits Ansej. «Mais cette idée ne semble pas avoir séduit les jeunes, puisque nous n'avons reçu aucune offre de service», affirme-t-il, avant d'indiquer que le stationnement dans la wilaya d'Alger connaîtra une amélioration sensible avec le nouveau plan de circulation et l'ouverture de 7 parkings.