Résumé de la 81e partie - Laurence explique à Charles que l'assassin de Leonidès s'est arrangé pour qu'il soit le premier soupçonné... Quel second meurtre ? — Eh bien ! le second meurtre ! Dans les livres, au bout d'un certain temps, il y a toujours un second meurtre. La victime, c'est quelqu'un qui sait quelque chose et qu'on tue pour l'empêcher de parler ! — Vous lisez trop de romans policiers, Joséphine. La vie n'est pas comme ça... et je puis bien vous assurer que si, dans cette maison, quelqu'un sait quelque chose, ce quelqu'un n'a pas la moindre idée de le dire ! La réponse de Joséphine me parvint dans un bruit d'eau coulant d'un robinet : — Quelquefois, il s'agit d'une chose dont la victime ne sait même pas qu'elle la connaît ! Tout en essayant de donner un sens à cette phrase passablement sibylline, je m'éloignai, laissant Joséphine à ses ablutions. À l'étage inférieur, j'allais franchir la porte menant à l'escalier quand, sortant du salon, Brenda vint à moi. Elle me mit la main sur l'avant-bras et, me regardant dans les yeux, dit simplement : — Alors ? C'était, sous une autre forme, ramenée à un seul mot, la question même que Laurence Brown m'avait posée quelques instants auparavant. Je secouai la tête. — Rien de neuf. Elle poussa un long soupir. — J'ai si peur ! Je la croyais volontiers, car je commençais moi-même à ne plus me sentir à l'aise dans cette étrange maison, où tout semblait lui être hostile. J'aurais voulu la rassurer. Mais que lui dire ? Sur qui pouvait-elle compter ? Sur Laurence Brown ? Que pouvait-il ? J'aurais voulu la réconforter, lui venir en aide. Mais que pouvais-je moi-même ? Au surplus, je me sentais terriblement gêné, avec un vague sentiment de culpabilité. Je pensais à Sophia, à son ton méprisant quand elle m'avait dit : «Je vois ! Elle vous a empaumé !», Sophia ne voulait pas non plus que je me fisse l'avocat de Brenda. Seule, soupçonnée, Brenda devait se défendre seule. Elle reprit : — L'enquête a lieu demain. Que va-t-il se passer ? Sur ce point-là, je pouvais la rassurer. — Rien du tout ! répondis-je. Soyez sans inquiétude ! On l'ajournera à la demande de la police elle-même. Ce qu'il faut prévoir, en revanche, c'est que la presse va se déchaîner. Jusqu'à présent, aucun journaliste n'a imprimé que la mort de M. Leonidès pouvait n'avoir pas été naturelle. Les Leonidès ont beaucoup de relations, mais, l'enquête ajournée, les reporters vont s'amuser. S'amuser ! Le mot rendait bien ma pensée. Mais, pourquoi n'en avais-je pas cherché un autre ? — Ce sera... odieux ? — À votre place, Brenda, je n'accorderais aucune interview... Et il y a longtemps que quelqu'un devrait vous conseiller. À son air effrayé, je vis qu'une fois encore j'avais mal choisi mes mots. — Non, repris-je, ce n'est pas à un avocat que je pense ! (A suivre...)