Les grosses difficultés auxquelles font face les microentreprises de la wilaya de Tizi Ouzou, créées dans le cadre des dispositifs de la Cnac et de l'Ansej, sont-elles spécifiques à la région ou bien s'étendent-elles à toutes les wilayas du pays ? Le mérite de la capitale de la Kabylie a été la seule à d'abriter un séminaire organisé par le Forum des jeunes entrepreneurs, association qui défend les intérêts des bénéficiaires de ces dispositifs d'aide à l'emploi. C'est-à-dire que si les autres wilayas du pays s'avisaient à organiser le même colloque, le constat serait, en tous points, similaire. Parce que les jeunes promoteurs de Tizi déplorent surtout le fait que «le marché soit sous l'emprise d'une bureaucratie et d'une corruption qui étendent leurs tentacules sur tous les secteurs de la vie économique du pays». En effet, les jeunes chômeurs se sont lancés avec enthousiasme dans ces dispositifs sans aucune expérience et beaucoup d'entre eux ont dû vite déchanter quand ils ont été confrontés aux difficultés d'un marché complètement dérégulé, obéissant plus à la spéculation qu'à des critères de libre concurrence et de commercialité. En outre, le système bancaire national n'est pas l'idéal pour accompagner un entrepreneur – qui est aussi un client – dans la réalisation de son plan de production. D'ailleurs ces chômeurs, pour la plupart des diplômés frais émoulus de l'université, n'ont aucune expérience du monde du travail et se lancent corps et âme dans l'entrepreneuriat en brûlant toutes les étapes. Passe encore que les bénéficiaires du secteur du transport de marchandises ou de voyageurs s'en sortent convenablement vu l'extrême simplicité des opérations qui nécessitent un personnel roulant et un bon comptable. Mais pour le reste, il y a assurément une pratique de gestion que les nouveaux «patrons» ne maîtrisent pas du tout. Voilà pourquoi, il s'agit de considérer ces dispositifs avec le réalisme et le pragmatisme nécessaires, loin de toute démagogie et des chiffres éloquents censés illustrer la lutte contre le chômage. Il aurait, peut-être, mieux valu songer à des stages de formation. Avant d'octroyer ces aides et de lâcher dans la nature ces chômeurs devenus soudain des patrons. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.