L'un des rêves les plus fous de la plupart de nos jeunes, c'est de posséder un logement, une voiture et un local. Si pour le premier l'inaccessibilité est clairement établie compte tenu de l'énorme difficulté, voire de l'impossibilité pour un célibataire d'obtenir un toit, la voiture, en revanche, demeure à sa portée pour peu qu'il ait un bon et stable revenu. Et c'est là qu'intervient le troisième facteur, le fameux local. Un espoir fou a été entrevu lorsque les pouvoirs publics ont lancé la fameuse opération intitulée «100 locaux par commune» et bien que le nombre semblât largement insuffisant par rapport à l'énorme demande, une certaine catégorie de jeunes, les plus démunis et ceux qui remplissent les critères, ont alors commencé à entreprendre des démarches. Aujourd'hui, neuf années – déjà – après le lancement de l'opération, on ne sait pas grand-chose de sa réalisation et les échos provenant d'ici et de là penchent plutôt vers l'échec quasi total. Pratiquement toutes les communes n'ont, soit pas bien saisi l'importance d'un tel projet censé résorber un tant soit peu le chômage notamment par un manque de moyens et des problèmes de budget, soit en opérant dans une grande précipitation qui a donné au bout du parcours un alignement hideux de «garages» édifiés dans des endroits très peu commerciaux. Autrement dit, ce projet, sur lequel a particulièrement insisté le président de la République, a été lancé par les APC juste par souci d'exécuter une instruction venue d'en haut, sans aucune étude préalable des potentialités régionales, et avec une grande anarchie dans la sélection des candidats. Dans la presse nationale, on a fait état de la gabegie et des critères fantaisistes de sélection des bénéficiaires. Mais alors que reste-t-il aux nombreux jeunes chômeurs pour gagner leur croûte sans avoir à succomber au chant des sirènes pour embarquer sur une felouque ou tomber dans ces délits que la morale réprouve et que la loi réprime, la drogue essentiellement ? Faire le taxi clandestin ! Un métier qui rapporte avec tous les problèmes de transport vécus par les citoyens. Là, beaucoup de jeunes, qui ont la chance inouïe de posséder un véhicule, travaillent avec un sens poussé du marketing : Ils impriment des cartes de visite avec leur prénom et leur numéro de téléphone et se font une clientèle fidèle qui y trouve, elle aussi, son compte puisqu'il suffit d'appeler et c'est moins cher que le taxi. Mais depuis peu, il y a un os de taille : les services de sécurité qui sont sur le qui-vive et sur les traces de ces nouveaux «taxieurs», dissuadent beaucoup de jeunes qui ne veulent plus risquer la mise en fourrière de leur bagnole. Comme quoi, nous ne sommes pas, au même titre que ces jeunes, sortis de l'auberge. Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.